Paris commerce
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En à peine quelques jours, la crise des punaises de lit à Paris a dépassé les frontières de la France. Montée en épingle par la presse étrangère, qui se révèle " attentive " à l'évolution de la situation, alors que 15 millions de touristes sont attendus dans la capitale pour les Jeux olympiques 2024.

Pour le magazine d'investigation Der Spiegel (Allemagne) : " La France a un problème de punaises de lit avant les JO. [...] Les punaises de lit, qui avaient largement disparu de la vie quotidienne dans les années 1950, ont refait surface au cours des dernières décennies et deviennent de plus en plus résistantes aux traitements chimiques. L'Anses, l'autorité sanitaire française, a constaté que 11 % des foyers français étaient infestés entre 2017 et 2022. "

Une crise de plus pour Anne Hidalgo, qui décidément, n'aura été épargnée par rien cette année.

Mais dans cette fourmilière médiatique, la maire de Paris trouvera un motif de réjouissance dans la dernière étude de l'APUR, l'agence parisienne d'urbanisme, qui, tous les trois ans, fait un état des lieux du commerce dans la Capitale. Il permet de comprendre les tendances de long terme qui traversent le commerce parisien et de suivre les évolutions à une échelle fine, celle du quartier et de la rue.

Il devrait piquer la curiosité de l'opposition qui argumente souvent d'un manque de dynamisme et d'attractivité de Paris depuis la politique de réduction de la place de l'automobile en ville, car il révèle quelques informations intéressantes pour l'avenir.

En 2023, 83 154 locaux ont été recensés en rez-de-chaussée des rues parisiennes, dont 60 846 sont des commerces, des bars et restaurants et des services commerciaux, 15,9 % de locaux installés dans d'anciennes boutiques qui ne sont pas des commerces tels que des bureaux, des cabinets médicaux ou bien encore des commerces de gros (13 249 locaux) et 10,9 % de locaux vacants (9 059 locaux).

Deux grandes tendances émergent. D'abord la baisse des commerces de service, de type agences bancaires ou immobilières -842 entre 2020 et 2023, ce qui n'entraîne pas une baisse équivalente de la surface commerciale puisque 350 locaux sont " englobés " par un local ou un commerce voisin.

À l'inverse, le nombre de locaux occupés par des activités médicales est en augmentation depuis une quinzaine d'années et continue de progresser entre 2020 et 2023, à un rythme un peu moins soutenu cependant (+ 4 %, + 88 locaux contre + 9 % et + 183 locaux entre 2017 et 2020).

Les salles de sport se portent bien malgré une dynamique de progression moins soutenue, alors qu'elles augmentaient de 34 %, soit + 114 salles entre 2017 et 2020, elles continuent d'augmenter mais à hauteur de 8 %, soit + 38 salles supplémentaires seulement.

Les magasins de vente, réparation et location de vélos continuent leur développement, à un rythme encore plus soutenu que lors de la période précédente, ils augmentent de 39 %, soit + 69 magasins supplémentaires contre 32 % et +43 magasins entre 2017 et 2020.

Ensuite La concurrence du e-commerce est de plus en plus visible, notamment dans le secteur du textile : -621 commerces d'habillement, chaussures, bijouterie, -70 commerces d'équipement de la maison.

Après six années de forte progression de leurs effectifs, autour de + 4 % à + 5 % au cours des trois dernières enquêtes, s'observe un ralentissement de l'augmentation des bars et restaurants (+ 189 depuis 2020 au lieu de + 632 entre 2017 et 2020) avec seulement + 1 % entre 2020 et 2023. L'impact de la période de Covid-19 semble avoir été différé de plusieurs mois et un renversement de tendance apparaît, la restauration traditionnelle qui progressait de +5 % entre 2017 et 2020 connaît une évolution négative de -2 % (-105 établissements) entre 2020 et 2023. Les brasseries pâtissent également de cette baisse plus soutenue (-93 établissements contre -58 entre 2017 et 2020) depuis 2020.

À l'image des tendances observées entre 2017 et 2020 dans le secteur, c'est une nouvelle fois la restauration rapide (+ 352 établissements, soit + 10 %) qui insuffle une dynamique au secteur entre 2020 et 2023 et est à l'origine de la progression globale des cafés et restaurants (+189 établissements). Sur 4 027 établissements, seulement 748 (19 %) relèvent d'un réseau commercial comme les enseignes McDonald's (69) ou Subway (37).

Enfin, malgré les apparences et les rideaux tirés, la part des locaux vacants est faible (moins de 8 %) dans les quartiers résidentiels les plus aisés comme les 6e, 7e et 16e arrondissements et le Marais.

Dans les quartiers populaires de l'est, la situation est plus contrastée mais toujours avec une part plus importante de locaux vacants sauf au sud du 20e (Plaine-Lagny). Dans les autres parties de la Capitale (Quartier Central des Affaires, quartiers centraux et reste de la Rive Gauche) la part des locaux vacants est proche de la moyenne parisienne (10,9 %).

C'est le cas dans les quartiers résidentiels très aisés (6e, 7e et 16e) où une variété d'évolutions s'observe alors que le taux de vacance reste partout bas. Dans les quartiers de bureaux, le taux de vacance augmente, en lien avec un accroissement du télétravail. Dans les quartiers touristiques, la situation varie d'un quartier à l'autre avec une hausse de la vacance à Montmartre, près de l'Opéra ou des Champs Elysées alors que la vacance recule dans le Marais, aux Halles ou à Saint-Germain-des-Prés. Le recul de la vacance est une des conséquences d'un embourgeoisement récent ou en cours dans certains quartiers des 10e et 11e (Sentier, Château d'Eau, Faubourg du Temple, Bas Belleville...). Enfin, dans les quartiers du nord de Paris, la vacance progresse (Epinettes, Porte Montmartre, Amiraux-Simplon, Pont de Flandre...).