Intelligence chief: Celine Berthon
Intelligence chief: Celine Berthon AFP

La France a nommé mercredi sa première femme chef du renseignement intérieur, la haute policière Céline Berthon étant nommée à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

L'organisation, forte de 5 000 personnes, joue un rôle clé dans le contre-espionnage, la lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité.

L'ascension de Berthon, 47 ans, a été fulgurante.

Elle n'est devenue numéro deux de la police nationale française qu'en avril, après avoir été la première femme - et la plus jeune - à diriger les opérations de première ligne en 2021.

Berthon avait auparavant dirigé le syndicat des commissaires de police.

La policière remplace Nicolas Lerner, qui prend la tête du service d'espionnage extérieur de la DGSE, rendu célèbre par la série à succès "Le Bureau".

Sa nomination est également historique : c'est la première fois qu'un ancien patron de la DGSI devient chef du renseignement extérieur français.

Lerner, un fonctionnaire de 45 ans, est diplômé de l'école supérieure d'élite ENA.

Il a effectué toute sa carrière au sein du ministère de l'intérieur, travaillant essentiellement sur la sécurité nationale, avant de devenir chef de la DGSI en 2018.

Il remplace Bernard Emie, diplomate qui avait été ambassadeur de France au Liban, en Turquie, en Grande-Bretagne, en Algérie et en Jordanie avant d'être nommé à la tête de la DGSE en 2017.

Emie a lancé des réformes au sein de la DGSE et a vu le budget de l'agence augmenter.

Mais beaucoup ont critiqué la DGSE sous sa direction pour ne pas avoir prévu l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 et une série de coups d'État militaires dans les anciennes colonies françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

La nomination de Lerner à la tête d'une agence de quelque 7 000 personnes intervient à un moment de guerre en Ukraine et à Gaza et de tensions entre l'Occident et l'Iran.

Lerner devra également faire face au déclin de l'influence de la France en Afrique de l'Ouest après les coups d'État militaires.

Et même avec de nouvelles inquiétudes, la DGSE devra continuer à collecter des renseignements à l'étranger pour prévenir des incidents nationaux comme les attentats meurtriers de 2015 et 2016 en France revendiqués par le groupe djihadiste État islamique.

Il lui faudra anticiper de nouveaux dangers mais "sans créer de angles morts", estime l'analyste français de la sécurité Alexandre Papaemmanuel.

Lerner devra superviser le déménagement de l'agence vers un espace deux fois plus grand que les anciens bureaux décrits dans "Le Bureau" vers ceux de Vincennes, aux portes de Paris.

La série de fiction "Le Bureau" a été un énorme succès international pour le producteur français Canal+, vendue dans plus de 100 pays et saluée même par la DGSE pour son réalisme.

Le logo du service de sécurité intérieure français, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
Le logo du service de sécurité intérieure français, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) AFP