La Commission européenne a fait appel en 2021 devant la plus haute instance judiciaire de l'Union européenne, la Cour de justice européenne.
La Commission européenne a fait appel en 2021 devant la plus haute instance judiciaire de l'Union européenne, la Cour de justice européenne. AFP

Un plus haut tribunal de l'UE a rejeté jeudi l'appel de Bruxelles contre une décision bloquant sa tentative de forcer le Luxembourg à récupérer 25 millions d'euros (272 millions de dollars) d'arriérés d'impôts auprès d'Amazon.

Cette décision, qui constitue le dernier mot dans cette affaire, a été un coup dur non seulement pour la Commission européenne mais aussi pour la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager.

"La Cour de justice confirme que la Commission n'a pas établi que la DFA accordée à Amazon par le Luxembourg était une aide d'État incompatible avec le marché intérieur", a indiqué la Cour dans un communiqué.

"Dans son arrêt rendu aujourd'hui, la Cour de justice rejette le pourvoi introduit par la Commission", ajoute-t-il.

Amazon a salué la décision, mais elle a été dénoncée par les militants.

Vestager a repris son poste de commissaire cette semaine après une candidature infructueuse au poste de prêteur de l'UE, la Banque européenne d'investissement (BEI). La ministre espagnole de l'Économie, Nadia Calvino, a été nommée à ce poste.

C'est Vestager qui, en 2017, a accusé le Luxembourg d'accorder des privilèges fiscaux au géant de la vente au détail sur Internet, ce qui équivalait à une aide d'État illégale.

L'affaire reposait sur la conviction qu'un accord fiscal entre le Luxembourg et Amazon en 2003 constituait une " aide d'État " illégale, conférant à l'entreprise un avantage injuste sur ses concurrents.

Mais en mai 2021, le Tribunal de l'UE a estimé qu'" aucun avantage sélectif " n'avait été accordé à l'entreprise par le petit duché de l'UE.

La commission, la puissante autorité antitrust de l'UE, a ensuite fait appel en juillet 2021 devant la plus haute instance judiciaire de l'Union européenne.

Un porte-parole d'Amazon a salué la décision de justice "qui confirme qu'Amazon a respecté toutes les lois applicables et n'a reçu aucun traitement spécial".

Les militants anti-pauvreté Oxfam ont toutefois dénoncé la décision du tribunal.

"Amazon a reçu un cadeau de Noël en avance cette année", a déclaré Chiara Putaturo, experte fiscale européenne chez Oxfam, appelant l'UE à travailler sur de "vraies" réformes fiscales.

"Il peut commencer par ne pas détourner le regard lorsqu'il s'agit de paradis fiscaux à l'intérieur de ses frontières, permettant aux entreprises d'éviter leurs impôts en passant par des bureaux vides."

Le Luxembourg a toujours été utilisé comme une plaque tournante pour les multinationales cherchant à réduire leur facture fiscale.

L'UE a eu du mal à défendre ses décisions fiscales dans le passé, perdant des procès contre Apple et Starbucks.

Mais Bruxelles pourrait encore obtenir un sursis dans la longue saga juridique avec Apple.

Le mois dernier, le principal conseiller juridique de la CJCE a recommandé d'annuler la précédente victoire d'Apple contre Bruxelles dans une affaire fiscale de 13 milliards d'euros.

L'une des batailles historiques entre la Commission et les grandes technologies remonte à 2016, lorsque l'UE a accusé l'Irlande d'avoir permis à Apple d'échapper à des milliards d'euros d'impôts.

Une décision finale de la CJCE est attendue d'ici quelques mois, mais les juges ne sont pas liés par l'avis du conseiller.