La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine AFP

La ministre française des Affaires étrangères, Catherina Colonna, a déclaré mercredi que la décision de la Pologne d'interdire les importations de céréales ukrainiennes était injustifiée, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays d'Europe de l'Est à propos du différend.

L'Union européenne a annoncé la semaine dernière qu'elle mettait fin aux restrictions temporaires sur les importations de céréales ukrainiennes dans cinq pays, dont la Pologne. Mais Varsovie a déclaré qu'elle continuerait à appliquer l'interdiction unilatéralement, provoquant la colère de son allié et voisin déchiré par la guerre.

"Ces tensions sont regrettables", a déclaré Colonna à l'AFP dans un entretien en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Citant une étude de l'UE, Colonna a déclaré que les importations de céréales ukrainiennes ne perturberaient pas le marché ni ne paralyseraient les agriculteurs européens.

"Il n'y a pas de bouleversement du marché et il y a peut-être des considérations politiques internes de la part de certains de nos partenaires qui, malheureusement, les poussent à avoir cette position que rien ne justifie."

Les tensions se sont encore accrues mercredi lorsque Varsovie a convoqué l'ambassadeur d'Ukraine suite aux remarques du dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky à l'ONU.

Zelensky a déclaré que certains pays feignaient leur solidarité avec l'Ukraine, poussant Varsovie à dénoncer des propos "injustifiés concernant la Pologne, qui soutient l'Ukraine depuis les premiers jours de la guerre".

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a fermé les voies de navigation de la mer Noire utilisées avant la guerre, faisant de l'UE une voie de transit et une destination d'exportation majeure pour les céréales ukrainiennes.

En mai, l'UE a accepté de restreindre les importations vers la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, cherchant à protéger les agriculteurs de ces pays qui accusaient les importations d'être responsables de la chute des prix sur les marchés locaux.

Les mesures ont permis aux produits de continuer à transiter par les cinq pays, mais ont empêché leur vente sur le marché local.

Vendredi, la Commission européenne a annoncé qu'elle mettait fin à l'interdiction d'importer, arguant que "les distorsions du marché dans les cinq États membres limitrophes de l'Ukraine ont disparu".

La Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont immédiatement annoncé qu'elles s'opposeraient à cette décision.

Kiev a répondu aux interdictions en s'engageant à déposer une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce.