Les militants de l'Alliance suisse pour les animaux ont empilé des cartons lors de la remise des signatures pour déclencher une votation populaire sur l'interdiction des importations de fourrure et de foie gras
Les militants de l'Alliance suisse pour les animaux ont empilé des cartons lors de la remise des signatures pour déclencher une votation populaire sur l'interdiction des importations de fourrure et de foie gras AFP

Les Suisses décideront d'interdire ou non les importations de foie gras et de fourrure après que les militants aient remis jeudi suffisamment de signatures pour déclencher un vote public sur ces deux questions.

Devant les bâtiments du Parlement fédéral à Berne, la capitale, des militants de l'Alliance suisse pour les animaux, à l'origine du mouvement, ont empilé des cartons symbolisant les signatures certifiées.

L'initiative populaire sur le foie gras a recueilli 106 448 signatures, tandis que celle sur la fourrure en a attiré 116 140, toutes deux au-dessus du seuil de 100 000 requis pour déclencher un vote national.

Le foie gras est largement consommé pendant les fêtes de décembre, ce qui donne une résonance supplémentaire à la campagne.

Le gavage des canards et des oies - un moyen clé de fabrication du foie gras - est interdit en Suisse depuis plus de 40 ans, mais l'importation de produits dérivés de cette méthode ne l'est pas.

L'initiative populaire "Oui à l'interdiction d'importer du foie gras" veut modifier la constitution pour interdire l'importation de ces produits.

La deuxième proposition s'intitule "Oui à l'interdiction d'importer des produits en fourrure provenant d'animaux maltraités".

Avec 200 tonnes de foie gras importées chaque année, "la Suisse se positionne malheureusement comme l'un des principaux importateurs de ce produit", affirme l'Alliance suisse pour les animaux.

"Chaque année, 400 000 canards et 12 000 oies sont tués pour répondre à la demande spécifique de notre pays.

"Il est hypocrite d'interdire aux éleveurs suisses de produire du foie gras sous peine de sanctions, tout en autorisant l'importation de ce produit."

Quant à la fourrure, l'Alliance Suisse pour les Animaux dénonce "des méthodes d'élevage et d'abattage (qui) contreviennent clairement à notre législation sur la protection des animaux et seraient considérées comme des cruautés passibles de sanctions pénales en Suisse".

Selon elle, 350 tonnes de fourrure sont importées chaque année, ce qui correspond à l'abattage d'environ 1,5 million d'animaux.

"Plus de la moitié de ces fourrures proviennent de Chine, où les terribles conditions dans lesquelles les animaux sont détenus et tués, dont certains sont écorchés de leur vivant, sont régulièrement dénoncées", affirme-t-il.

Presque tous les pays européens interdisent le gavage des oies et des canards, à l'exception notable de la France, de la Hongrie et de la Bulgarie.

En septembre, le Parlement suisse a rejeté une proposition visant à interdire les importations de foie gras, mais a ordonné que les méthodes de production soient indiquées sur l'emballage.

La Suisse jouit d'une démocratie directe, avec des citoyens capables de déclencher des votes populaires.

Ils peuvent proposer eux-mêmes de nouvelles lois dans le cadre d'initiatives et contester les décisions prises par le Parlement lors de référendums.

Un total de 100 000 signatures valides dans un délai de 18 mois sont nécessaires pour déclencher une initiative nationale. Un changement de loi nécessite une double majorité des électeurs et des cantons.

Les votes populaires ont lieu tous les trois mois.

Des militants de l'Alliance Suisse pour les Animaux étaient à Berne pour la remise des signatures
Des militants de l'Alliance Suisse pour les Animaux étaient à Berne pour la remise des signatures AFP