Le ministre japonais de l'Environnement, Akihiro Nishimura (à droite), accueillera les pourparlers du G7 sur le climat en 2023 à Sapporo, alors que le Japon assure la présidence tournante du G7
Le ministre japonais de l'Environnement, Akihiro Nishimura (à droite), accueillera les pourparlers du G7 sur le climat en 2023 à Sapporo, alors que le Japon assure la présidence tournante du G7 AFP

Les alliés du G7 se sont réunis samedi pour deux jours de pourparlers "difficiles" sur le climat dans le nord du Japon, faisant face à des pressions pour montrer des progrès sur les principaux engagements en matière de combustibles fossiles dans un exemple pour d'autres grandes économies, dont la Chine.

Les militants ont mis en garde les ministres du climat et de l'environnement des principaux pays développés contre tout retour en arrière sur les promesses de s'éloigner du charbon et du gaz naturel au pays et à l'étranger.

Mais une troisième ébauche d'une déclaration divulguée qui sera publiée dimanche lors de la réunion de Sapporo a soulagé certains experts, qui craignaient une approbation plus retentissante de la nécessité d'investissements gaziers à l'étranger.

"Dans l'ensemble, compte tenu des faibles attentes, cela semble maintenant un meilleur résultat que beaucoup ne l'espéraient", a déclaré Ed King de la société de communication axée sur le climat GSCC.

Les ministres veulent faire preuve d'unité après qu'un important rapport de l'ONU sur le climat a averti le mois dernier qu'un réchauffement climatique de 1,5 degrés Celsius serait observé d'ici une décennie environ. Il a appelé à une action "rapide et de grande envergure" pour maintenir les augmentations dans des limites relativement sûres.

Cependant, alors que la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine presse les pays du G7, dont le Japon, l'Allemagne et les États-Unis, des divisions sont apparues au sein du bloc.

Une source gouvernementale française a décrit plus tôt des discussions "difficiles", mais la ministre de la transition énergétique du pays, Agnès Pannier-Runacher, a brossé un tableau plus brillant des pourparlers de samedi.

Elle a salué des "progrès significatifs" dans la déclaration conjointe, qui, selon elle, a envoyé "des signaux positifs pour le prochain G20 et la prochaine COP" à Delhi et à Dubaï.

"Pour la toute première fois, le G7 a déclaré que nous devions accélérer la" suppression progressive "de tous les combustibles fossiles", et qu'il ne devrait plus y avoir de nouvelles centrales électriques au charbon, a déclaré Pannier-Runacher aux journalistes.

Le dernier projet de déclaration, consulté par l'AFP, appelle les nations à agir "au cours de cette décennie critique", appelant à un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2025 au plus tard.

Les experts disent que ce langage vise la Chine, le plus grand émetteur de carbone au monde, qui vise un pic de ses émissions de carbone d'ici 2030.

Le projet souligne également "l'urgence" de réduire les émissions mondiales de 60% d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019, comme recommandé par le groupe d'experts du GIEC des Nations Unies sur le climat.

Le langage sur les combustibles fossiles a cependant été plus controversé.

La Grande-Bretagne et la France ont proposé de nouveaux objectifs concrets, tandis que d'autres membres, dont le président du G7 de cette année, le Japon, qui dépend fortement des combustibles fossiles importés, et les États-Unis ont poussé une ligne plus conservatrice.

Les ministres se sont engagés lors de la dernière réunion ministérielle du G7 sur le climat en Allemagne à mettre fin au nouveau soutien public direct en 2022 aux projets de combustibles fossiles à l'étranger qui ne compensent pas les émissions.

Mais cela a été édulcoré un mois plus tard lorsque les dirigeants du G7 ont déclaré que les "circonstances exceptionnelles" de la guerre de la Russie en Ukraine rendaient les investissements dans le gaz "appropriés comme réponse temporaire".

Le Japon avait cherché un libellé pour solidifier cette exception, mais au lieu de cela, le projet de déclaration appelle à une "réduction de la demande de gaz" et définit plusieurs paramètres autour de ces investissements.

Le charbon est un autre sujet vivement débattu, avec différents degrés d'ambition mis en avant par le Japon, les États-Unis et la Grande-Bretagne sur les efforts mondiaux visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles dans les systèmes électriques.

Le Japon avait demandé la reconnaissance du G7 pour sa stratégie controversée consistant à brûler de l'hydrogène et de l'ammoniac aux côtés de combustibles fossiles pour réduire les émissions de carbone, ce qui, selon les militants du climat, ne sert qu'à prolonger la durée de vie des plantes polluantes.

Le projet de déclaration note simplement que "certains pays explorent" le potentiel des deux carburants dans le cheminement vers des émissions nettes nulles, ajoutant que cela devrait être "aligné sur une trajectoire de 1,5C".

Les gouvernements du monde entier se tournent également vers les pourparlers du G7 pour agir sur le financement de la résilience des pays en développement les plus touchés par le changement climatique.

Sultan Al Jaber, président des pourparlers sur le climat de la COP28, a déclaré à l'AFP qu'il avait appelé à un financement climatique mondial "disponible, accessible et abordable" à Sapporo.

Le projet de déclaration réaffirme l'engagement du G7 à une promesse non tenue de fournir aux pays en développement 100 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique.

Dans le projet, le G7 s'engage à travailler avec d'autres pays développés "pour atteindre pleinement l'objectif en 2023".

Les ministres du climat du G7 subissent des pressions pour ne pas revenir sur les engagements pris précédemment
Les ministres du climat du G7 subissent des pressions pour ne pas revenir sur les engagements pris précédemment AFP
Graphique montrant la production totale d'électricité par type d'énergie
Graphique montrant la production totale d'électricité par type d'énergie AFP