La centrale électrique de Boxberg utilise du lignite, extrait en grande partie localement et très polluant.
La centrale électrique de Boxberg utilise du lignite, extrait en grande partie localement et très polluant. AFP

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a remis en question mercredi l'objectif du gouvernement de mettre fin à l'utilisation du charbon dans la plus grande économie d'Europe d'ici 2030.

"Tant qu'il ne sera pas clair que l'énergie sera disponible et abordable, nous devrions mettre fin au rêve d'éliminer progressivement l'électricité issue du charbon en 2030", a déclaré Lindner dans une interview au quotidien allemand Koelner Stadt-Anzeiger.

"Ce n'est pas le moment de fermer les centrales électriques", a-t-il ajouté.

L'Allemagne devrait "permettre le développement plus rapide des énergies renouvelables" et accroître sa production nationale de gaz, a déclaré Lindner, qui dirige également le parti pro-entreprises FDP.

Les commentaires de Lindner menacent d'approfondir la division au sein de la coalition au pouvoir entre les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, les Verts et le FDP, où les ministres se sont affrontés sur la manière de réagir à la hausse des prix de l'énergie tout en réduisant l'utilisation des combustibles fossiles.

La date de sortie du charbon est un élément du projet allemand de produire 80 % de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030 et la coalition vise " idéalement " à fermer toutes les centrales au charbon dans le même délai.

L'accord avance la date de sortie convenue par le gouvernement de l'ancienne chancelière Angela Merkel pour abandonner le charbon d'ici 2038.

Les projets de l'Allemagne visant à décarboner la production d'énergie ont été bouleversés par l'invasion de l'Ukraine par Moscou et par la réduction ultérieure des approvisionnements en gaz russe qui font cruellement défaut.

La tournure des événements, ponctuée par le sabotage d'un pipeline clé, a fait monter en flèche les prix de l'énergie et a laissé l'Allemagne à la recherche de nouvelles sources d'énergie.

Le gouvernement a remis en service les centrales à charbon mises en veilleuse pour alléger la pression de la production d'électricité à base de gaz, le parc étant réactivé et disponible jusqu'en mars 2024.

Dans le même temps, Berlin s'est engagé à réduire les formalités administratives liées à l'installation d'éoliennes afin d'atteindre cet objectif ambitieux, mais les observateurs estiment que le rythme est encore trop lent.

L'Allemagne a également fermé ses dernières centrales nucléaires en avril de cette année, une mesure planifiée de longue date, qui, selon certains critiques, pourrait rendre plus difficile la réalisation des objectifs climatiques.