Les cartes Pokemon font-elles l'objet de spéculation ?
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Yu-Gi-Oh, Pokemon, Naruto... Et maintenant Lorcana (Disney) ! Le secteur des cartes à collectionner continue d'attirer de nombreuses personnes dans le monde entier. Par exemple, sur la seule année 2020, les ventes des cartes Pokemon - la franchise créée par Satoshi Tajiri - ont représenté, à elles seules, 5,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Et depuis la création de cet univers, 52,9 milliards de cartes à collectionner ont été produites.

Cet engouement ne se limite ni au monde de Pokemon, ni à la sphère des enfants... Loin de là ! "Cela m'arrive encore d'acheter des cartes à collectionner. Notamment celles des univers de Pokémon et de Yu-Gi-Oh, qui ont véritablement bercé mon enfance. Que ce soit avec mes amis ou avec mes frères, c'est toujours un plaisir d'ouvrir un paquet de cartes. Cependant, à cause du prix des boosters (nom spécifique pour désigner un pack de cartes) que je trouve trop élevé, j'en achète de moins en moins", confie Léo Lucas, jeune comptable pour le réseau KPMG, à IBTimes France. En effet, pour s'offrir un paquet de 10 cartes (de n'importe quel univers), il faut débourser aux alentours de 6 euros.

Et quid des NFTs ?

Ces dernières années, un autre marché s'est alors ouvert pour les amoureux de la culture populaire : celui des NFTs ! En 2022, le même jeune homme a franchi le Rubicon en plongeant dans ce monde virtuel : "Je suivais, sur Twitter, de nombreux joueurs de Sorare, un jeu de simulation sportive dans lequel les utilisateurs achètent, vendent et gèrent une équipe virtuelle avec des cartes de joueurs numériques. J'étais intrigué et j'ai donc tenté l'aventure il y a un an et demi", se souvient Léo Lucas.

Après avoir investi quelques euros dans le jeu Sorare pour l'achat de NFTs à l'effigie de basketteurs professionnels, le passionné de pop-culture a eu la chance d'acquérir, de manière totalement aléatoire, une carte virtuelle dont la valeur avoisinait les 40 euros. In fine, pour un investissement de 50 euros, ce dernier est parvenu à édifier une équipe dont la valeur atteint aujourd'hui la centaine d'euros.

Collection de NFTs destinée au jeu vidéo Sorare
Collection de NFTs appartenant à Léo Lucas et destinée au jeu vidéo Sorare IBTimes France

Une étude publiée dans la revue Nature et menée par des chercheurs travaillant notamment à l'Université de Londres et à l'Université technique du Danemark a montré que 20% des NFTs sont revendus au moins une fois. De même, alors que 66 % de ces "jetons non fongibles" (NFTs) se revendaient moins cher que leur prix d'achat initial en 2017, cela ne concernait plus que 27 % des produits encore actifs 5 ans plus tard.

Cet aspect spéculatif que revêt le secteur des NFTs n'est pas au goût de tous les passionnés de cartes à collectionner. À l'image de Marc Galindo, auditeur externe de 23 ans pour le groupe Ecocert, qui a accepté de nous livrer son témoignage : "La collection est avant tout une histoire de passion. Le fait de posséder des objets rares - voire uniques - est un réel loisir qui crée des échanges (bourses, forum, événement, vide grenier...). Voilà pourquoi nous ne pouvons pas comparer le marché des cartes physiques à celui des NFTs, qui ne sont rien d'autres que des images programmées sans âme, et créées dans le seul but de spéculation. Il y a un monde entre une brocante et des pseudos bourses virtuelles !", affirme-t-il.

Une carte Pokemon vendue à... 5,3 millions d'euros !

Le jeune homme identifie tout de même un avantage à l'apparition du marché des jetons non fongibles : "L'émergence des NFTs présente quand même un intérêt. Elle va séparer les vrais passionnés de ceux qui ne voient dans la collection qu'un placement financier", renchérit le jeune homme. Et pourtant, les cartes à collectionner peuvent aussi parfois faire l'objet de spéculations. En effet, de plus en plus d'acheteurs prêts à débourser des sommes considérables pour s'offrir des éditions rares de cartes fleurissent aux quatre coins de la planète.

Ce phénomène s'est notamment accentué depuis que certains influenceurs, à l'instar de Logan Paul aux États-Unis, ont décidé de faire de ce sujet un prétexte d'influence. Par exemple, ce dernier - qui a fait de la polémique son fonds de commerce - a fait l'acquisition, l'année dernière, d'une carte exceptionnellement rare, appelée "Pikachu Illustrator", pour la modique somme de... 5,3 millions de dollars !

Et les chiffres communiqués par le site de commerce en ligne eBay confirment cette tendance spéculative : En moyenne, 139 cartes à collectionner sont vendues chaque minute (données : 2021). En termes de chiffre d'affaires, les reventes de cartes Pokemon dans l'Hexagone sur eBay ont été multipliées par 7 entre 2019 et 2021. À la lecture de ces données, le marché des cartes à collectionner est-il réellement plus éthique que celui des NFTs ? Pas vraiment...