Une vidéo créée par le nouvel outil de conversion texte-vidéo « Sora » d'Open AI est diffusée sur un moniteur.
Une vidéo créée par le nouvel outil de conversion texte-vidéo « Sora » d'Open AI est diffusée sur un moniteur. AFP

La société américaine OpenAI a lancé la semaine dernière un outil capable de générer des extraits de vidéo très réalistes à partir de quelques lignes de texte seulement, ce qui amène les créateurs de contenu à se demander s'ils ne sont pas les derniers professionnels sur le point d'être remplacés par des algorithmes.

Les réactions à l'égard de l'outil, appelé Sora, vont de l'enthousiasme éperdu à l'inquiétude quant à l'orientation future de l'industrie.

Le YouTubeur Marques Brownlee a qualifié de "effrayant" et de "menaçant" de voir une IA faire son travail.

D'un autre côté, Caleb Ward, la moitié du duo de réalisateurs d'IA Curious Refuge, a déclaré à ses abonnés YouTube qu'il avait hâte de mettre la main sur l'outil.

Pourtant, Ward et Brownlee ont convenu qu'il s'agissait d'un moment majeur pour leur industrie.

"Je ne saurais trop insister sur l'importance de cette affaire pour le monde du cinéma et de la création", a déclaré Ward, qui est récemment devenu viral avec une bande-annonce qu'il a créée pour un film Star Wars dans le style de Wes Anderson.

OpenAI, la société derrière ChatGPT, a déclaré dans son annonce que Sora n'était pas encore accessible au public.

L'annonce ne précise pas de cas d'utilisation mais indique qu'"un certain nombre d'artistes visuels, de designers et de cinéastes" ont été choisis pour aider à le tester.

La société a accompagné sa déclaration d'exemples de vidéos comprenant une femme élégante marchant dans une rue de Tokyo, un chat réveillant son propriétaire au lit et un groupe de mammouths laineux chargeant.

Internet s'est immédiatement illuminé d'admiration et d'éloges, comme c'est souvent le cas avec les produits OpenAI.

"J'ai été choqué par leur qualité", a déclaré à l'AFP Anis Ayari, ingénieur en IA et streamer connu sous le nom de Defend Intelligence.

Il a suggéré que l'outil pourrait un jour être utilisé pour créer des présentateurs entièrement virtuels.

Mais il y avait aussi beaucoup de dissidents qui estimaient que les vidéos étaient toujours fermement coincées dans la " vallée étrange ", où des problèmes dans des images par ailleurs photoréalistes peuvent laisser les spectateurs nauséeux.

Le commentateur Ed Zitron a écrit que dans la vidéo de chat d'OpenAI, "le bras du propriétaire semble faire partie du coussin et la patte du chat explose hors de son bras comme une amibe".

Il a écrit dans sa newsletter que les outils vidéo d'IA étaient trop chers et trop gourmands en ressources pour être réellement utiles.

Et les styles de clips ne pouvaient pas être harmonisés, rendant les outils inutiles pour créer autre chose que de minuscules extraits.

Sora entre sur un marché en plein essor, avec Google, Stability AI et plusieurs autres petits acteurs déjà présents.

YouTube lui-même a annoncé en septembre dernier qu'il développait un outil permettant aux créateurs de créer des vidéos et des images d'arrière-plan générées par l'IA.

Cependant, les outils déjà disponibles n'ont guère pris d'assaut le monde.

Le streamer français FibreTigre a déclaré qu'il avait essayé les outils vidéo d'IA mais avait mis fin à son expérience.

Il s'est dit préoccupé par l'éthique de l'utilisation d'outils formés sur le travail d'autres artistes et, en fin de compte, les programmes n'ont pas fait assez bien leur travail.

"Ils sont tout simplement laids", a-t-il déclaré à propos des vidéos d'IA.

Il a déclaré qu'il imaginait un avenir dans lequel les téléspectateurs seraient " extrêmement fatigués " par l'IA et chériraient tout ce qui n'est pas artificiel.