Le Metropolitan Museum of Art de New York permettra aux artisans français de fabriquer des répliques en 3D de la sculpture "Pieta With Donors" pour les exposer dans le château où elle et une autre sculpture du XVIe siècle résidaient à l'origine
Le Metropolitan Museum of Art de New York permettra aux artisans français de fabriquer des répliques en 3D de la sculpture "Pieta With Donors" pour les exposer dans le château où elle et une autre sculpture du XVIe siècle résidaient à l'origine AFP

Deux sculptures du XVIe siècle, joyaux de l'art de la Renaissance française, sont exposées depuis 1908 au Metropolitan Museum of Art de New York.

Mais grâce à la technologie moderne et à un accord inhabituel, des copies 3D précises seront réalisées et installées dans le château français où les originaux ont longtemps résidé.

Le plan des fac-similés est le fruit d'un partenariat rare entre le Met, comme on appelle le musée de New York, et le département de la Dordogne dans le sud-ouest de la France.

Les statues, à la fois du début des années 1500 et d'un sculpteur anonyme, représentent des scènes bibliques intitulées "Mise au tombeau du Christ" et "Pieta avec les donateurs".

Une agence de promotion touristique en Dordogne, la Semitour, travaillera avec l'Atelier des Fac-Similes Périgord (AFSP) pour réaliser les répliques dans les mois à venir.

Pendant près de 400 ans, les originaux ont orné la chapelle du château de Biron en Dordogne.

Construite sur un promontoire stratégique, la forteresse tentaculaire comprend des bâtiments de différentes époques, dont un donjon datant du XIIe siècle.

Endommagé et reconstruit à plusieurs reprises au cours des siècles, le château appartient depuis 1978 au département de la Dordogne, qui l'a déclaré monument historique, a déclaré le président de la Dordogne, Germinal Peiro, lors d'une visite au Met.

La technologie à employer pour copier les sculptures a été décrite à l'AFP par Francis Rigenbach, qui dirige l'atelier du Périgord, et C. Griffith Mann, conservateur d'art médiéval du Met.

En utilisant des scanners 3D pour créer des images numériques des sculptures, les artisans pourront créer des répliques sans avoir à déplacer ou à déranger les originaux monumentaux.

"En faisant un 'moulage' numérique", a déclaré Rigenbach, "nous pouvons utiliser des techniques non invasives" pour produire des copies identiques.

Il a ajouté que "90 % du travail artistique" consistera à reproduire des signes d'usure, tels que la patine des originaux en marbre vieillissant, bien que les deux statues soient considérées comme exceptionnellement bien conservées.

Les répliques, à remettre à leur emplacement d'origine dans la chapelle Biron, coûteront environ 350 000 euros (375 000 $), a ajouté Rigenbach.

Son atelier est célèbre pour avoir copié la célèbre grotte de Lascaux - y compris son art mural préhistorique - pour un musée à Montignac, dans le nord du Périgord.

Cela permet aux visiteurs de se sentir comme s'ils visitaient la grotte elle-même, qui a été fermée il y a 60 ans pour éviter d'endommager le site fragile, a déclaré Sébastien Cailler, qui gère le château de Biron.

"Et quand vous verrez ces sculptures en fac-similé à Biron, vous ressentirez sûrement la même émotion que si vous étiez devant les originaux", a-t-il déclaré à l'AFP à New York.

Les deux statues, dont la valeur est reconnue par les historiens et les collectionneurs à la fin du XVIIIe siècle, sont vendues en 1907 par le dernier marquis de Biron au riche banquier américain John Pierpont Morgan, alors président du conseil d'administration du Met.

Dans les années 1950, la Dordogne et le château de Biron négocient avec le Met pendant quatre ans dans un vain effort pour récupérer les statues.

En 2018, les responsables du Périgord ont relancé les pourparlers avec le Met ; quatre ans plus tard, des tests technologiques sont entrepris, puis le 15 février, l'accord est signé à New York.

Ce type d'accord inhabituel garantit que les œuvres d'art peuvent exister à deux endroits, a déclaré Mann, tout en ajoutant que son musée, avec ses millions de visiteurs annuels, "semble être l'endroit le plus sûr pour conserver les sculptures à long terme".

Une copie de la sculpture du XVIe siècle "Mise au tombeau du Christ" sera replacée dans le château de Biron en France, où elle a siégé pendant des siècles
Une copie de la sculpture du XVIe siècle "Mise au tombeau du Christ" sera replacée dans le château de Biron en France, où elle a siégé pendant des siècles AFP