Prix de l'essence à la pompe
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POINTS CLÉS

Les prix à la pompe ne fluctuent pas aussi fréquemment que les cours du pétrole.

Un délai moyen de 4 semaines pour entièrement intégrer la variation sur les prix à la pompe.

L'augmentation du coût de la matière première se répercute directement sur les dépenses du distributeur.

Remise de 30 centimes à la pompe, indemnité carburant... Pour faire face à l'inflation - dont les prix de l'essence ou du diesel en sont l'illustration la plus évocatrice - le gouvernement prend, depuis un peu plus d'un an, des dispositions plus ou moins efficaces. C'est ainsi que le 24 septembre dernier, le président de la République Emmanuel Macron annonçait la mise en place, prévue pour janvier 2024, d'une indemnité carburant travailleur représentant une aide de 20 centimes par litre pendant 6 mois pour un automobiliste moyen, soit l'équivalent d'environ 100 euros par véhicule. Celle-ci sera accordée à la première moitié des travailleurs les plus modestes devant utiliser leur véhicule. Cela concernerait près de 4,3 millions de Français.

Pour comprendre pourquoi le prix à la pompe varie plus ou moins d'une semaine sur l'autre, il faut tout d'abord analyser ses différentes composantes. Une taxe sur le montant fixe par litre - la TICPE (Taxe Intérieur de Consommation sur les Produits Énergiques) - et une autre proportionnelle au prix (prenant en compte la TICPE) - la TVA - représentent pas loin de 60 % du prix total. Le reste étant composé du coût d'achat de la matière première, des frais de distribution et de la marge des distributeurs. Selon une note de la Banque de France, c'est ce prix HT qui peut varier à une fréquence quotidienne. L'importante oscillation du prix des matières premières - dépendant du coût du pétrole brut ou celui du raffinage - explique ce phénomène.

Mais alors pourquoi les prix à la pompe ne fluctuent pas aussi fréquemment ?

En effet, selon les chiffres du ministère de l'Economie et des Finances, le prix des carburants est en moyenne stable pendant environ 5 jours. Cette certaine inertie des prix est notamment due au fait que pour une évolution négligeable du coût des matières premières (moins de 1 % de variation), les stations - l'ignorant généralement - ne la répercute pas sur le consommateur. L'affichage des prix explique en partie cette " négligence " : les montants se terminant par un 0, un 5 ou un 9 sont souvent privilégiés par les distributeurs. Ainsi, les automobilistes constatent des changements de prix plus rares mais dont l'ampleur est davantage importante.

Un autre élément peut expliquer l'importance du temps entre le moment où la variation du coût de la matière première a été identifiée et celui où il est répercuté pour les consommateurs : "Toutes les quantités de matières premières sont achetées bien en amont. Donc ce qu'on va consommer là a été acheté il y a plusieurs mois, où ce n'était pas du tout le même prix ", explique Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste à BDO France, auprès de TF1.

Un délai moyen de 4 semaines pour entièrement intégrer la variation sur les prix à la pompe

En revanche, l'augmentation du coût de la matière première se répercute directement sur les dépenses du distributeur (stations-services). Ainsi, lorsque ce dernier ne modifie pas immédiatement ses prix à la pompe, il risque de voir sa marge fortement diminuer. Le type de la station-service est aussi un critère à prendre en compte pour comprendre la corrélation entre le prix des matières premières et celui proposé aux consommateurs. Selon la même note, les stations pratiquant des prix plus faibles modifient leurs prix plus fréquemment que les autres. Pour celles-ci, la durée pendant laquelle un prix reste fixe est d'environ 3 jours alors qu'elle est de 6 à 7 jours ouvrés pour les stations dont les prix sont plus élevés que la moyenne.

Toutefois, l'évolution du coût de la matière première se répercute intégralement sur les prix des carburants affichés à la pompe au bout d'environ un mois (20 jours ouvrés). Cela montre que ce sentiment d'indépendance entre les deux coûts que peuvent parfois ressentir les consommateurs ne se justifie pas sur le long terme.