Quels risques géopolitiques pour la Bourse ?
Dans se dernière analyse d'Invesco, les conflits militaires n'ont pas eu d'incidence significative sur la croissance à long terme des actions.
L'équipe de gestion se base sur un indice mesurant le risque géopolitique, qui repose sur le nombre d'articles liés à des événements géopolitiques négatifs publiés dans dix journaux différents.
En examinant les dix moments de l'histoire où cet indice a atteint son maximum, ainsi que le rendement de l'indice S&P 500 douze mois après ces pics, il apparaît que le marché boursier a progressé de manière significative au cours de ces périodes.
En d'autres termes, bien que les conflits militaires puissent mettre à l'épreuve la détermination des investisseurs à miser leur épargne en Bourse, l'histoire montre que ces événements n'ont pas entravé la croissance à long terme des marchés financiers.
C'est pourquoi il est essentiel que les investisseurs maintiennent leur perspective à long terme. Au cours des 120 dernières années, les marchés ont continué à progresser à long terme malgré les guerres, les récessions, les chocs pétroliers, les assassinats politiques et de nombreux autres événements.
Cependant, de nombreux observateurs relèvent des similitudes entre le conflit actuel entre le Hamas et Israël et la guerre du Kippour en 1973, laquelle a entraîné la plus forte baisse du marché des actions parmi toutes les crises de l'après-Seconde Guerre mondiale. Invesco souligne toutefois des différences essentielles.
Tout d'abord, la récession des années 1970 était alimentée par l'embargo pétrolier arabe contre les États-Unis, tandis qu'aujourd'hui, les États-Unis sont bien plus indépendants sur le plan énergétique qu'ils ne l'étaient à l'époque. Dans les années 1970, l'inflation était à la hausse, tandis qu'aujourd'hui, l'inflation a déjà atteint un pic, avec l'indice américain des prix à la consommation passant de 9,1 % en juin 2022 à 3,7 % en septembre 2023. De plus, la Réserve fédérale semble jouir d'une crédibilité bien meilleure qu'à l'époque des années 1970, et les anticipations d'inflation sont solidement ancrées aux États-Unis."
"Les guerres ont toujours fait remonter le niveau des taux d'intérêt", analyse Véronique Riches-Flores. Selon l'économiste, le contexte géopolitique mondial n'a pas attendu l'éclatement du conflit israélo-palestinien pour se dégrader. Les primes de termes sur les taux d'intérêt sont réapparues au premier trimestre 2022 aux Etats-Unis, au moment même où la Russie envahissait l'Ukraine.
"Depuis le 6 octobre, les taux d'intérêt à long terme se sont partout tendus pour franchir de nouveaux points hauts ; les taux à 10 ans sont quasiment à 5 % aux Etats-Unis, en hausse de 40 pb par rapport à la veille du début du conflit, à deux doigts des 3 % en Allemagne et au-delà de 3,50 % en France. Les marchés financiers ont semblé tellement peu sensibilisés par la crise qui frappe le Moyen-Orient que l'explication de ces tensions par le conflit israélo-palestinien n'a jusqu'alors pas coulé de source. Au cours des treize derniers jours, les investisseurs ont, en l'occurrence, fait beaucoup plus de cas des indicateurs américains et de ce qu'ils pouvaient signifier pour l'action à venir de la FED que des développements géopolitiques" pourquit-elle.
Reste que, selon elle, L'éclatement du conflit israélo-palestinien constitue, quoi qu'il en soit de ses développements à venir, une source évidente de nouvelles fractures, qui se greffent aux dissentions commerciales de plus en plus profondes entre la Chine et les Etats-Unis et, ce faisant, entre de nombreux pays du globe.
Mais comparaison n'est pas raison, la prudence s'impose donc. L'histoire ne se répète jamais vraiment de façon identique.
Sauf pour l'or qui profite, plus que jamais, de tous les soubresauts géopolitiques. "Il fait peu de doute que la hausse des cours de l'or qui a poussé le métal sur des records historiques dans la plupart des devises hors dollar ces derniers jours, prendra d'autant plus de vigueur en cas d'enlisement du conflit en présence, et que peu d'autres actifs pourront le concurrencer", conclut Véronique Riches-Flores.
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