À quoi sert réellement le Forum économique mondial de Davos ?
WEF

Sam Altman, Bill Gates mais aussi Emmanuel Macron, Volodymyr Zelensky, le Premier ministre chinois Li Qiang, ou encore le secrétaire d'État des États-Unis Antony Blinken... Du 15 au 19 janvier 2024, la Suisse et la ville de Davos accueilleront 2 800 dirigeants et hommes d'affaires venus des quatre coins de la planète, à l'occasion de la 54e édition du Forum économique mondial ou World Economic Forum (WEF), Intitulée "Rebuilding Trust" (Ndlr : "Reconstruire la confiance", en français).

L'ambition du forum est simple : Réunir les personnalités les plus influentes du monde pour aborder les grandes problématiques économiques et sociales de la planète.

Elon Musk boycottera à nouveau le forum cette année

Pour participer à cet évènement, les chefs d'entreprise des plus grandes multinationales du monde ont dû payer le prix fort : le privilège d'être "partenaire stratégique" du forum était facturé à 600 000 euros ! Comme l'année passée, une absence de taille est toutefois à noter : celle du milliardaire Elon Musk, qui ne cesse de tourner en ridicule cet évènement planétaire. "Je n'ai pas décliné l'invitation à Davos parce que je pensais qu'ils étaient impliqués dans des intrigues diaboliques, mais parce que ça avait l'air très ennuyeux", écrivait-il alors sur X (ex-Twitter).

Selon lui, les idées qui émanent de Davos sont toutes plus loufoques et déjantées les unes que les autres. En 2023, il avait même proposé, dans un tweet, de faire un concours du forum qui proposerait le plus d'idées stupides entre le WEF et 4chan, un forum en ligne au ton particulièrement décalé.

"Reconstruire la confiance" en ces temps incertains comme principale ambition

Que doit-on donc attendre de cette 54e édition du Forum économique mondial de Davos ? Cette année, la protection de l'environnement, la transparence - avec la lutte contre les fake news - et les enjeux liés à l'avènement des nouvelles technologies seront au coeur des débats : "Cette réunion a pour but de rétablir une capacité d'action collective et de renforcer les principes fondamentaux de transparence, de cohérence et de responsabilité qui incombent aux dirigeants. L'objectif est de créer des passerelles au sein d'un environnement de plus en plus complexe et de préparer l'avenir grâce aux dernières avancées scientifiques, industrielles et sociétales", peut-on lire sur le site du WEF.

Le président de la République Emmanuel Macron est, quant à lui, attendu à Davos pour défendre les investissements étrangers en France, qui ont plutôt le vent en poupe ces derniers temps.

Dans un contexte de recrudescence des tensions internationales illustrée par la guerre en Ukraine et par l'aggravation du conflit Israélo-palestinien, le forum de Davos - qui profitera entre autres de la présence de Volodymyr Zelensky et du président israélien Isaac Herzog - semble revêtir "plus d'importance que d'habitude" cette année, comme le prétend le média suisse Tages Anzeiger.

Des avancées concrètes sont-elles réellement attendues ?

D'autres estiment que le World Economic Forum est une grande pièce de théâtre qui ne permet aucune véritable avancée concrète : "Soyons honnêtes. L'endroit est agréable et les échanges informels sont très fructueux pour tout le monde, mais il ne se passe jamais rien d'important à Davos sur le plan politique. En clair, les vedettes politiques de passage servent à rameuter les participants payants", confie un habitué du forum au Monde.

Plusieurs sujets importants évoqués lors de la précédente édition du forum n'avaient effectivement accouché d'aucun changement concret. L'ONG Greenpeace, par exemple, avait pointé du doigt l'impact carbone que suscitait la venue des milliers de dirigeants en Suisse pour assister aux débats du WEF. Et cet enjeu climatique - qui représente un important frein à la croissance économique mondiale - n'a toujours pas été véritablement pris au sérieux par les dirigeants de la planète.

En effet, l'année 2023 a enregistré un record absolu des émissions mondiales de CO2 : entre 0,5 et 1,5 % de rejets supplémentaires ont été constatés par rapport à l'année 2022, selon le Centre norvégien Cicero pour la recherche internationale sur le climat.

De même, l'ONG Oxfam avait publié, en janvier 2023, son rapport "La loi du plus riche", qui soulignait l'accroissement continu des inégalités dans le monde. Selon ce dernier, les 1 % les plus riches ont monopolisé 42 000 milliards de dollars depuis l'année 2020, soit les deux tiers du total des richesses créées.

Et ces inégalités ont continué de croître en 2023 : Aujourd'hui, près de 700 millions de personnes dans le monde vivent dans l'extrême pauvreté (avec moins de 2,15  dollars par jour). Les progrès de la lutte contre la pauvreté acquis avant la crise sanitaire ont ainsi été presque réduits à néant. Et pendant ce temps, la moitié de la population la plus riche a continué de voir son pouvoir d'achat augmenter. Cette 54e édition changera-t-elle (enfin) la donne ? De sérieux doutes sont permis...