Christian Mas, Sothys
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La marque de cosmétique française Sothys, nommée d'après la déesse égyptienne de la beauté, est née à Paris en 1946, mais s'est développée discrètement en Corrèze, jusqu'à devenir une référence sur le marché. Christian Mas, son PDG, revient en exclusivité pour IBTimes.fr sur la stratégie et le développement de cette nouvelle pépite de la beauté.

Vous avez pris les rênes de l'entreprise créée par votre père et ses frères. Vous continuez la saga familiale ?

Christian Mas : Oui, Sothys est une entreprise toujours 100 % familiale, détenue par mon frère Frédéric, moi-même et nos trois cousins. Comme beaucoup de marques de cette génération, Clarins, Payot, Carita, Sothys est née à Paris dans le sous-sol d'un immeuble du faubourg Saint-Honoré. En 1946, le docteur Max Hotz y concoctait des sérums de jeunesse commercialisés en petites ampoules de verre - une première à l'époque qui a fait sa renommée.

Quand mon père a racheté l'entreprise en 1966, l'immobilier à Paris avait beaucoup changé. Plutôt que de déménager les locaux en banlieue, en 1974, il a choisi de s'implanter et de construire ses unités de production dans notre fief de Meyssac en Corrèze.

En 1991, mon père a entrepris une refonte complète de la gamme. Pour prolonger la vie des produits originaux, qui ont nécessité d'importants investissements de recherche, il a décidé de créer une deuxième marque, plus accessible, pour les accueillir : Bernard Cassière. Désormais pilotée par Céline Lagane-Gouzou, la marque Bernard Cassière propose plus de 200 références présentes dans 450 instituts de beauté. Nous sommes donc l'une des rares marques à élaborer nos actifs et nos produits en France. Aujourd'hui, nous avons 570 collaborateurs, dont 330 en France.

Vous avez redonné vie à votre berceau du 128, rue du faubourg Saint-Honoré ?

Christian Mas : Notre showroom et flagship parisien avait fermé au moment du confinement. Nous en avons profité pour faire un gros lifting, refaire la boutique, l'institut de beauté - le seul du groupe – pour accueillir un nouveau centre de formation qui voit passer près de 2 000 esthéticiennes du monde entier par an. Nous sommes présents dans 120 pays.

Comment s'est passée l'année 2023 pour Sothys ?

Christian Mas : Avec nos trois marques, Sothys, Bernard Cassière et Beauty Garden, dédiée aux cosmétiques bio, nous réalisons 52 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 60 % à l'export, sachant que Sothys représente 90 % du total.

Nous travaillons avec un réseau de 1 200 salons d'esthétique en France, mais aussi avec des hôtels de luxe qui nous offrent une très belle visibilité. Nous sommes partenaires des bateaux de croisière Ponant, nous sommes présents dans 120 spas dans le monde, dont 13 dans les Club Med et dans certains hôtels St. Regis. Nous avons aussi un partenariat avec les plus grandes chaînes de thalasso en France.

Notre marque Sothys commence à être bien identifiée par le grand public. Et ceci grâce à des placements de produits malins, comme celui dans la série 10 % et un partenariat avec le comité Miss France.

Côté innovation, comment faites-vous évoluer vos gammes ?

Christian Mas : Nous travaillons sur 50 formules par an. Sachant que la moitié du travail du labo est de reformuler les produits précédents pour tenir compte de l'évolution de la législation, des nouvelles normes et des goûts des consommateurs. Sothys dépose des brevets sur ses traitements signatures. Par exemple, nous sommes les seuls à exploiter les vertus de l'ortie blanche contre les taches pigmentaires, du lin contre les rides, du safran avec des producteurs du Quercy et même du champignon dans un soin hydratant signature aux extraits de bolet. Cette année, nous mettons l'accent au niveau commercial sur notre nouvelle gamme solaire. Dès 2025, nous allons procéder à une refonte complète de nos gammes.

Vous êtes certainement courtisé par de grands groupes, comment vous projetez-vous dans les prochaines années ?

Christian Mas : Actuellement, nous sommes en phase d'ajustement post-Covid. L'objectif est d'atteindre rapidement les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 70 % pour Sothys. Est-ce que dans trois ou quatre ans, nous aurons besoin de nous rapprocher d'un autre groupe ? La question peut se poser. Notre objectif sera de trouver les meilleures solutions pour pérenniser notre groupe familial.