Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que le projet de loi de dépenses américain "changeait la donne"
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que le projet de loi de dépenses américain "changeait la donne" AFP

Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a appelé à la "transparence" entre les Etats-Unis et l'Europe sur l'octroi controversé de subventions vertes et d'allégements fiscaux.

Le Maire et son homologue allemand Robert Habeck se rendent mardi à Washington pour rencontrer la secrétaire au Trésor Janet Yellen et discuter d'un projet de loi américain historique sur les dépenses qui inquiète l'Europe.

La loi sur la réduction de l'inflation (IRA) canalise 370 milliards de dollars en subventions pour la transition énergétique américaine, y compris des réductions d'impôts pour les voitures électriques et les batteries fabriquées aux États-Unis.

Alors que les États-Unis veulent réduire leur dépendance aux importations chinoises, l'Europe s'inquiète de la concurrence déloyale et des dommages collatéraux si les entreprises se délocalisent hors de l'UE.

"Nous devons être réalistes. L'IRA change la donne", a déclaré Le Maire à l'AFP dans une interview vendredi.

"L'IRA offre des avantages concurrentiels qui, couplés à des prix de l'énergie très bas aux États-Unis, font peser un risque sur nos industries."

L'UE pousse les États-Unis à faire des exemptions pour les entreprises européennes. Mais un groupe de travail conjoint spécial mis en place pour répondre aux préoccupations de Bruxelles a donné peu de fruits.

"Le plus important est que nous coopérions avec des alliés pour avoir de la transparence sur le montant des subventions et des crédits d'impôt qui seront accordés", a déclaré Le Maire.

"Si vous savez à quel prix l'hydrogène vert sera commercialisé aux États-Unis et à quel prix il sera commercialisé en Europe, cela vous permet de garantir des conditions de concurrence équitables."

Le Maire a déclaré que la Commission européenne avait proposé des clauses d'alignement sur les subventions américaines, "mais pour que ces clauses d'alignement fonctionnent, nous avons encore besoin de savoir à combien s'élèveront les subventions".

Pour écarter la menace qui pèse sur l'industrie européenne, l'UE a dévoilé mercredi des propositions telles que l'assouplissement controversé des règles en matière d'aides d'État, afin d'uniformiser les règles du jeu.

Cependant, les États membres ne sont pas d'accord sur la manière d'aborder le problème.

A Washington, Le Maire espère sécuriser "une approche coopérative des investissements les plus stratégiques dans des domaines sensibles comme les semi-conducteurs".

"Ce n'est pas comme s'il y avait une surproduction de batteries, une surproduction de panneaux solaires ou une surproduction de semi-conducteurs. Au contraire, il n'y en a pas assez", a-t-il déclaré.

"L'enjeu n'est pas de voler des marchés très concurrentiels. L'enjeu est d'arriver à développer ensemble, aux Etats-Unis et en Europe, une industrie verte performante, compétitive et la plus innovante de la planète."

Après la visite à Washington, les dirigeants de l'Union européenne tiendront un sommet plus tard dans la semaine qui vise à commencer à élaborer une réponse aux mesures américaines.