Des images de la violence en France ont fait la une de plusieurs pays
Des images de la violence en France ont fait la une de plusieurs pays AFP

Le monde a réagi aux manifestations violentes contre les réformes des retraites du président Emmanuel Macron par des avertissements, des questions sur l'avenir du système politique français – et la jubilation des ennemis.

Le Financial Times, un quotidien économique britannique influent, a déclaré que les actions de Macron augmentaient le risque que les Français " suivent les Américains, les Britanniques et les Italiens et votent populiste : la présidente Marine Le Pen en 2027.

"La France ne peut pas continuer comme ça. Il est temps d'en finir avec la Ve République, avec sa présidence toute-puissante... et d'inaugurer une VIe République moins autocratique", a-t-il ajouté.

Après l'annonce du report de la visite d'État du roi Charles III en France, les médias britanniques ont dépoussiéré ses références à la Révolution française de 1789.

Le site Internet du Daily Telegraph a mis en évidence une image de graffiti sur un mur parisien indiquant "Charles III, connaissez-vous la guillotine?"

Les images de la violence ont fait la une des journaux espagnols, le quotidien El Pais titrant "La rage s'empare des rues de France".

Le gouvernement de gauche à Madrid, qui a adopté sa propre réforme des retraites, a déclaré que la France avait apparemment fait trop d'efforts pour imposer ses plans, tandis que le chef du principal parti d'opposition, Alberto Nu?ez Feijoo, semblait offrir son soutien à la réforme de Macron.

Tous les grands journaux italiens ont largement couvert les manifestations à Paris et en province.

"La France brûle", titre le quotidien romain Il Messaggero, accompagné d'une photo de l'entrée de l'hôtel de ville de Bordeaux en flammes.

"La France dans la rue : jour de colère", écrit le Corriere della Sera, avertissant que "des jours difficiles arrivent".

La Stampa a déclaré que l'interview télévisée de Macron n'avait servi qu'à "faire exploser la colère sociale".

Parmi les rares réactions politiques, l'ancien Premier ministre Matteo Renzi a tweeté un message de soutien à Macron, écrivant : "Il y a un dirigeant en Europe qui ne regarde pas les sondages mais les choix pour l'avenir, pour son pays et pour les nouvelles générations". .

"Je suis fier de notre amitié, bravo Monsieur le Président !"

Dans les rues de Rome, la réponse a été mitigée.

"Les Français sont beaucoup plus durs que les Italiens. Ils sont beaucoup plus attentifs à leurs droits. J'espère qu'ils réussiront à empêcher la réforme", a déclaré à l'AFP Margherita Gaetani, retraitée de 77 ans.

Mais Enrico Amendola, un retraité de 86 ans, a insisté sur le fait que les réformes étaient "fondamentales pour l'équilibre financier de l'Etat".

Capitalisant sur les déboires de Macron, les médias d'État russes ont diffusé des images d'affrontements entre policiers et manifestants, d'arrestations brutales et de rues pleines de fumée de gaz lacrymogènes et d'objets enflammés pour présenter l'image d'un pays en marge.

D'autres médias sont allés plus loin, la chaîne d'information continue Russia 24 diffusant de fausses déclarations selon lesquelles l'électricité avait été coupée dans les commissariats de police à Paris.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a également pataugé, établissant des parallèles avec le soutien de la France à l'Ukraine.

"Quand Macron va-t-il commencer à livrer des armes aux citoyens français pour soutenir la démocratie et la souveraineté du pays ?" a-t-elle déclaré vendredi dans un message sur son compte Telegram, qui était accompagné d'une vidéo montrant des voitures renversées dans une rue française.

La télévision publique hongroise a évoqué jeudi une "ambiance révolutionnaire" en France.

L'un des principaux sites pro-gouvernementaux a rapporté que "selon les informations sur le terrain, la situation continue de se détériorer".

Sans déconseiller de se rendre en France, l'ambassade des États-Unis a exhorté ses ressortissants à "éviter les manifestations" et à quitter la région s'ils se trouvent à proximité de la violence.

Il a notamment mis en garde contre l'interposition entre les manifestants et la police.

En pleine période glaciale des relations entre Rabat et Paris, journaux et sites internet proches du pouvoir se sont délectés du malaise de Macron, mettant en avant des reportages peu flatteurs de médias français et internationaux.

Les dirigeants iraniens, où plusieurs centaines de personnes ont été tuées et des milliers arrêtées lors de manifestations ces derniers mois, ont fait écho au langage souvent utilisé contre eux par l'Occident en réponse à "la répression des manifestations".

"Nous appelons le gouvernement français à respecter les droits de l'homme et à s'abstenir d'utiliser la force contre le peuple de son pays qui poursuit pacifiquement ses revendications", a tweeté en français le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.