Macron a qualifié l'extrême droite française de parti du « mensonge », mais a repris certains de ses thèmes favoris
Macron a qualifié l'extrême droite française de parti du « mensonge », mais a repris certains de ses thèmes favoris AFP

Le président français Emmanuel Macron a emprunté cette semaine des lignes à l'extrême droite lors d'une conférence de presse destinée à relancer son second mandat hésitant.

S'adressant aux journalistes mardi lors de sa première grande scène à l'Elysée depuis des années, Macron a déclaré que sa "ligne claire était que la France devait rester la France".

"La France doit rester la nation du bon sens, de la résistance et des Lumières", a-t-il ajouté.

Il s'agit du dernier changement d'orientation d'un président qui lutte au cours de son dernier mandat pour garantir que son héritage centriste perdure face à la montée en puissance de l'extrême droite.

La phrase de Macron " La France devrait rester la France " était célèbre sur les affiches du brandon d'extrême droite Eric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle en 2022. Zemmour est un partisan des théories du complot du " grand remplacement " sur l'immigration des non-blancs en Europe.

Lorsque le même slogan a été adopté par un candidat à la direction du parti conservateur Les Républicains en 2018, la ministre Macron, Aurore Berge, l'a fustigé en disant : "Autant ajouter le logo du Front national" - l'anti-islam, anti-islam de Marine Le Pen. -Parti d'extrême droite immigré rebaptisé depuis Rassemblement national (RN).

Macron a également repris mardi des thèmes chers à l'extrême droite dans ses propositions politiques détaillées, notamment un essai pour les uniformes scolaires et l'éventuelle extension d'un programme de "service national" à tous les élèves.

Et le président a proposé d'autres propositions pour lutter contre la baisse du taux de natalité, une autre question chère au cœur de l'extrême droite française.

Le député socialiste Arthur Delaporte l'a accusé de prendre une tournure "purement réactionnaire".

Macron "est clairement en bras de fer politique avec le RN", estime le constitutionnaliste Benjamin Morel.

"Votre opposition officielle est votre meilleure alliée, car vous n'avez en réalité aucun chevauchement d'électeurs avec elle, et en créant une sorte de duopole, vous établissez une concentration d'électeurs autour de vous", a-t-il ajouté.

Le RN, dirigé par Le Pen – que Macron a battu en 2017 et 2022 – et son jeune lieutenant Jordan Bardella, semble en passe de remporter les élections européennes de juin.

Macron a qualifié mardi le RN de parti du " mensonge " et de " la paupérisation collective ".

"En même temps, il ne parle pas de valeurs... il y a une sorte de normalisation du RN chez les électeurs de centre-droit" qui sont dans le viseur de Macron, estime Morel.

"Ils n'envisagent peut-être pas de voter pour eux, mais ils ne les voient pas comme le diable", a-t-il ajouté.

Macron a dansé sur l'échiquier politique depuis sa première ascension en tant que ministre de l'Économie sous l'ancien président socialiste François Hollande.

Pas plus tard qu'en 2022, il a déclaré que " nos vies valent plus que leurs profits " dans une sortie de gauche contre les grandes entreprises.

"Qui peut encore le croire ?" a demandé le chef du parti socialiste Olivier Faure.

Après avoir adopté à la fin de l'année dernière une loi sur l'immigration qui s'est fortement orientée vers les priorités de droite, "comment (Macron) peut-il en arriver à dire qu'il est celui qui va exclure l'extrême droite ?" il ajouta.

L'éminent député RN Julien Odoul s'est montré tout aussi direct.

Pour lui, la conférence de presse de Macron était "une sorte d'hommage" à l'extrême droite, "avançant vers nos propositions et nos solutions".

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De moins en moins d'électeurs voient le Rassemblement national de Marine Le Pen comme un danger AFP