La France est la deuxième plus grande consommatrice de mangas
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Naruto, Death Note, L'Attaque des Titans ou pour les plus anciens Goldorak, Cobra, Les Chevaliers du Zodiaque... Depuis près d'un demi-siècle, le manga s'est peu à peu imposé dans la culture hexagonale. Les bandes dessinées japonaises qui se lisent de droite à gauche font très fréquemment l'objet d'adaptations en animé - ou en "japanimation" - dont les génériques sont parfois encore cultes dans le pays ("Albator, Albator, le corsaire de l'espace, Albator, Albator, même si tu parais de glace, ton coeur est bon, ton coeur est grand"...).

Justement, la culture nippone sera à l'honneur le 18 décembre prochain à l'hôtel Drouot, spécialiste des ventes aux enchères, qui proposera une collection originale entièrement consacrée aux mangas et à leurs adaptations audiovisuelles. Des celluloïds (dessins peints à la main représentant des éléments en mouvements) de Naruto, de Dragon Ball ou de Goldorak... Au total, 123 lots dont les estimations peuvent aller jusqu'à 1 500 euros seront proposés aux amateurs de mangas.

La France, deuxième plus grande consommatrice de mangas

De même, du 29 mai au 4 novembre 2024, le Centre Pompidou réservera ses six étages à l'une des plus grandes expositions mondiales consacrées à la bande dessinée. Les BD franco-belges (Tintin, Astérix...), les comics américains (Batman, V pour Vendetta...) et les fameux mangas japonais seront donc exposés pendant près de six mois dans le centre national d'art et de culture situé dans le quatrième arrondissement parisien.

Alors que d'autres nombreux évènements dédiés aux mangas sont organisés chaque année aux quatre coins du pays, comme Paris Manga by TGS Paris ou Japan Expo Sud Marseille, il convient de se demander la place qu'occupe l'Hexagone dans la consommation de bandes dessinées japonaises par rapport au reste du monde. Et celle-ci a de quoi étonner : La France est la deuxième plus grande consommatrice de mangas de la planète (derrière le Japon... évidemment !).

Ces dernières années, le marché a connu un important boom sur le territoire français. Le Pass Culture qui offre 300 euros aux jeunes majeurs âgés de 18 ans - et désormais élargi aux adolescents de 15 à 17 ans - ainsi que les confinements ayant poussé la génération Z à se ruer vers ces bandes dessinées ont largement participé au développement du secteur dans le pays.

Une croissance de 124 % entre 2020 et 2021

Et cela s'est vérifié dans les chiffres : selon GfK Market Intelligence, le marché du manga a plus que doublé en valeur (+124 %) entre les deux premiers trimestres de l'année 2020 et ceux de 2021, générant ainsi un chiffre d'affaires en France de 212,7 millions d'euros en seulement huit mois. "Le manga représente une vente de BD sur deux. Près de 29 millions d'exemplaires ont été achetés entre janvier et fin août 2021", précisait alors Camille Oriot, consultante livre chez GfK.

Qu'est-ce qui justifie un tel engouement hexagonal pour les mangas ? "Ce que j'apprécie dans les mangas, c'est la manière dont ils transmettent les émotions. Les Japonais étant plutôt renfermés de part leur culture, les mangas leurs permettent d'exprimer pleinement ces émotions refoulées. Il en découle alors une certaine poésie transmise notamment par le découpage des cases et le style de dessin qui sont propres à chaque auteur", confie Selyan Beldjoudi, doctorant en physique atomique et véritable passionné de la culture nippone, à IBTimes France.

Collection de mangas de Selyan Beldjoudi
Une partie de la collection de mangas de Selyan Beldjoudi IBTimes France

L'année 2023 marque la fin de cette dynamique

Toutefois, après plusieurs années de croissance exponentielle, les ventes de mangas dans l'Hexagone ont quelque peu marqué le pas en cette année 2023. En effet, toujours selon l'organisation mondiale d'étude de marché GfK, les ventes de BD, comics et mangas ont présenté un premier trimestre 2023 à -12 % en nombre d'exemplaires vendus et - 6% en chiffre d'affaires en France. Et le secteur de la bande dessinée japonaise n'est pas étranger à cette régression : "Le recul du segment BD est surtout le fait du manga, repassé sous les 10 millions d'exemplaires vendus, soit une baisse de 18 % par rapport au premier trimestre 2022", analyse Casseline Rosello, consultante livre senior du groupe, dans un communiqué.

Ainsi, un certain piège de Thucydide se présente à la France, en passe de se faire rattraper par les États-Unis. Elle perdrait donc sa place de deuxième plus grande consommatrice mondiale de BD japonaises. Nous n'en sommes toutefois pas encore là et le manga a encore de beaux jours devant lui dans le pays des Lumières.