Le magasin phare de Tiffany rouvre ses portes à New York après quatre ans
AFP

Admiration ne vaut pas raison ! Après trois années extraordinaires de rebond post-Covid, avec des croissances à deux chiffres, la normalisation du marché mondial du luxe est en train de s'opérer. L'augmentation des taux d'intérêts et l'inflation élevée plus longtemps que prévu auront donc eu raison des prévisions de croissance du marché, notamment en Chine.

Comme souvent, c'est le plus grand groupe de luxe qui donne le La. LVMH, vient de publier une nette décélération de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, principalement due à une base de comparaison défavorable et à la normalisation de la demande des clients après la période Covid. Ces chiffres montrent également que le secteur du luxe n'est pas à l'abri du ralentissement de l'économie mondiale.

Le chiffre d'affaires global est ressorti à 19,96 milliards d'euros contre 19,75 au T3 2022, soit une hausse de 1% sur un an, ce qui est inférieur aux prévisions de Bloomberg qui s'attendaient à plus de 21 milliards d'euros.

" Deux facteurs expliquent ce ralentissement du chiffre d'affaires, tout d'abord une base de comparaison défavorable, notamment en Chine car le 3e trimestre 2022 a peut-être été son meilleur trimestre l'année dernière. En 2023, la croissance en Chine est plus lente que prévue et la reprise de l'activité post-pandémique n'a pas eu le décollage escompté " explique Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse de marchés chez eToro.

Le 2e facteur est une demande des clients qui se normalise. En Europe, les ventes de LVMH ont progressé de 7% seulement, après des trimestres de progression à deux chiffres et les ventes aux États-Unis de 2%.

La décélération s'est fait sentir dans toutes les divisions. La Mode & Maroquinerie, qui contribue à plus de 60% au chiffre d'affaires, a vu sa croissance organique tomber au troisième trimestre sous la barre des 10% pour la première fois depuis 2020.

Les divisions Parfums & Cosmétiques et Montres & Joaillerie ont également vu leur croissance ralentir au troisième trimestre, à respectivement 9% et 3%.

Fait notable, les ventes de Vins & Spiritueux se sont repliées de 14%, le cognac Hennessy connaissant une normalisation de la demande post-Covid ainsi qu'un niveau de stock encore élevé chez les revendeurs.

"Après trois années fastes et des années exceptionnelles, la croissance converge vers des chiffres plus conformes à la moyenne historique", a déclaré Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH, aux analystes.

LVMH est la première grande société de luxe mondiale à publier ses résultats ce trimestre et donne aux investisseurs un aperçu de ce à quoi ils peuvent s'attendre de la part de ses rivaux.
Pour autant, "LVMH reste à notre avis l'une des valeurs qui devrait le mieux s'adapter à la volatilité actuelle, mais compte tenu de la dynamique négative des bénéfices et des perspectives incertaines, nous ne voyons qu'une marge limitée pour un redressement absolu à court terme", a par exemple écrit JP Morgan à ce propos dans une note de recherche.