Le gouvernement minoritaire de Macron est en difficulté depuis l'adoption de réformes impopulaires des retraites en début d'année.
Le gouvernement minoritaire de Macron est en difficulté depuis l'adoption de réformes impopulaires des retraites en début d'année. AFP

Le président Emmanuel Macron rencontrera mercredi les dirigeants de tous les partis politiques français, y compris ses opposants les plus acharnés, en dehors de Paris dans le but de sortir de l'impasse d'un parlement sans majorité.

Privé de majorité absolue à la chambre basse de l'Assemblée nationale depuis les élections législatives de l'année dernière, Macron a déclaré vouloir une "discussion franche, honnête et directe" visant à "agir ensemble" dans l'intérêt des électeurs.

Dans une lettre invitant les chefs de parti de l'extrême gauche à l'extrême droite, Macron s'est engagé à travailler ensemble à l'élaboration de nouvelles lois et à organiser "si nécessaire" des référendums - un outil politique rare qui s'est déjà retourné contre lui.

Une idée en discussion est que le gouvernement organise ce qui a été surnommé un " préférendum " – une consultation publique non contraignante qui offrirait aux électeurs des questions à choix multiples sur des sujets tels que l'immigration ou l'éducation.

Les référendums traditionnels à une question, oui ou non, ont vu dans le passé des électeurs chercher à censurer le président lui-même, faisant trébucher François Mitterrand et Jacques Chirac sur les questions européennes en 1992 et 2005.

"En posant plusieurs questions, les gens peuvent s'exprimer sur l'une d'elles et réagir sur les enjeux de toutes les autres", a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la chaîne BFMTV.

Les conservateurs et l'extrême droite ont déjà appelé à des référendums sur l'immigration tandis que l'alliance des partis de gauche NUPES souhaite que les électeurs aient leur mot à dire directement sur les modifications controversées des retraites déjà adoptées par Macron.

De son côté, le parti Renaissance de Macron préférerait un référendum comportant "entre trois et cinq questions", notamment sur la réforme institutionnelle.

"C'est une manière de regagner de la légitimité si les gens votent oui", a déclaré un haut député de Renaissance.

En revanche, "si cette 'innovation démocratique' est un pétard mouillé, Emmanuel Macron n'aura aucun levier à sa disposition pour éviter l'enlisement de son second mandat", commente le quotidien Le Monde.

Les constitutionnalistes ont également émis des doutes, l'expert Bertrand Mathieu expliquant au Monde qu'il s'agit d'une "procédure inédite, une sorte de sondage grandeur nature organisé par l'Etat".

"A posteriori, rien ne lierait les pouvoirs législatif et exécutif, et personne ne pourrait faire appel au Conseil constitutionnel pour insister sur le respect des urnes", a-t-il ajouté.

Les dirigeants politiques se réuniront à Saint-Denis, près de Paris, une banlieue pauvre frappée par des émeutes fin juin et début juillet suite aux tirs de la police sur un adolescent lors d'un contrôle routier.

Deux tables rondes porteront sur les affaires internationales et les éventuelles réformes institutionnelles, suivies d'un dîner sur les problèmes mis en lumière par les émeutes: l'éducation, l'intégration, les inégalités et "l'autorité", a indiqué le bureau présidentiel de l'Elysée.

Le gouvernement minoritaire centriste de Macron semble avoir perdu son chemin avec sa stratégie d'alliances projet de loi et son recours à un mécanisme impopulaire pour faire adopter des lois sans vote, en particulier pour faire adopter des modifications contestées sur les retraites plus tôt cette année.

Désormais, le président "veut éviter les blocages par tous les moyens disponibles", a déclaré à l'AFP un haut responsable de son entourage.

Macron "veut voir où il y a des désaccords, et s'ils ne peuvent pas être surmontés, voir sur quels sujets les électeurs français pourraient se prononcer" lors d'un référendum.