Neuralink, Calico, Nectome... Les entreprises qui misent sur le transhumanisme
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Améliorer la condition humaine par l'augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains. Le mouvement transhumaniste fascine autant qu'il dérange : "Certains de ses opposants reprochent aux transhumanistes de vouloir jouer à Dieu, ou de remettre en question l'idée d'une dignité humaine universelle. Quoiqu'il en soit, le rythme actuel du progrès technologique semble justifier que le projet transhumaniste soit pris au sérieux, et débattu rigoureusement", note Alexandre Erler, chercheur au Centre de recherche en éthique.

En effet, à l'instar du premier essai réussi pour les implants de puce cérébrale de la société d'Elon Musk Neuralink, de plus en plus d'entreprises ont développé des technologies bel et bien capables d'améliorer les performances physiques et intellectuelles de l'Homme grâce aux NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). "Et, cette fois plus que jamais, les entreprises ont un rôle à jouer", affirme François-Régis de Guenyveau, consultant au sein du cabinet de conseil en stratégie Kea & Partners, dans une tribune publiée dans Le Monde.

Retour sur les entreprises les plus avancées - ou les plus déjantées - du secteur :

Neuralink

Après avoir levé plus de 300 millions de dollars en août et en novembre 2023, la start-up américaine cofondée par Elon Musk en 2016 a réalisé un petit exploit cette semaine : elle est parvenue à poser Telepathy, son premier implant cérébral sur un patient. Ainsi, l'entreprise espère créer une interface homme-machine permettant aux êtres humains de contrôler des appareils électroniques par la seule force de la pensée. Contrôler les téléphones ou les ordinateurs - comme dans les films de science-fiction - serait ainsi bientôt possible ?

Avant cela, le milliardaire espère avant tout cibler les usages médicaux : "Les premiers utilisateurs seront ceux qui ont perdu l'usage de leurs membres", explique Elon Musk. Selon lui, Neuralink peut rendre à des personnes handicapées l'usage de leurs membres. Et ce, grâce à des interactions directes entre le cerveau et des prothèses. De même, rendre la vue à des personnes non voyantes ou guérir des maladie psychiatriques sont d'autres ambitions de la start-up.

Inclusive Brains

En 2022, la start-up marseillaise Inclusive Brains avait déjà mis au point un dispositif capable de simuler le fonctionnement du cerveau, et permettant ainsi de contrôler des objets connectés par la pensée. Grâce à un réseau d'algorithmes, la jeune pousse est parvenue à créer "un jumeau virtuel" du cerveau. Ce dispositif permet de décoder les émotions et de potentiellement prédire les actions des être humains : "Si je mets ce jumeau dans votre ordinateur, il va apprendre de vos habitudes et ça va vraiment devenir votre jumeau. Il va vous permettre grâce à nos algorithmes et des capteurs de contrôler des objets par la pensée", explique Olivier Oullier, neuroscientifique et co-fondateur de l'entreprise Inclusive Brains.

Ces interfaces cerveau-machine développées par la start-up doit également "permettre à des personnes en situation de handicap ne leur permettant ni de bouger, ni de parler de pouvoir communiquer, étudier et travailler". Leur mission est claire : Donner à tous la possibilité de pouvoir bénéficier des neurotechnologies.

Calico

"Tuer la mort". Voilà l'objectif de Google lorsque la multinationale a décidé, en 2013, de fonder la société de biotechnologie Calico (California Life Company), destinée à lutter contre le vieillissement humain et les maladies graves. Depuis, elle s'est associée aux laboratoires AncestryDNA et 23andMe pour identifier, grâce à des algorithmes, des schémas et des facteurs héréditaires de la longévité de l'être humain. "Le vieillissement est comme une boule de neige qui croît de façon exponentielle et prend de l'ampleur à mesure qu'elle dévale une colline. Pouvons-nous retarder son démarrage ou réduire sa vitesse ? Nous pensons que la réponse à ces questions se trouvera dans la biologie des systèmes", confie Eugène Melamud, chercheur principal de l'entreprise.

D'après Life Plus, l'objectif de Calico serait d'augmenter l'espérance de vie à 100 ans pour les personnes nées il y a plus de 20 ans. Toutefois, très peu d'informations ont été dévoilées : "Au fur et à mesure que nous progressons dans nos recherches et nos objectifs, notre capacité à traiter les demandes de renseignements de la presse est limitée. Trouver des réponses nécessite une perspective à long terme", est-il indiqué sur le site de la filiale de Google. L'immortalité n'est donc pas pour tout de suite.

Nectome

Fondée en 2016 par Robert McIntyre, ingénieur diplômé du MIT, la start-up Nectome a développé un procédé chimique d'embaumement capable de conserver un cerveau dans un état satisfaisant sur le long terme. L'ambition de la start-up de recherche dédiée à l'avancement de la science de la mémoire est de profiter des avancées scientifiques et technologiques pour scanner ces cerveaux conservés et dupliquer la conscience des personnes dans un Cloud. Ainsi, Nectome espère implanter toutes ces informations dans une autre enveloppe corporelle (ou même... dans un robot !).

Un dispositif permettant aux futurs générations d'apprendre du vécu de leurs aînés ? "La préservation du cerveau a un potentiel commercial énorme, mais c'est avant tout l'aspect humain qui compte. Aujourd'hui, quand une génération entière meurt, nous perdons toute sa sagesse collective. On peut transmettre les savoirs, mais la sagesse est quelque chose de plus difficile à inculquer. Vos enfants doivent apprendre des mêmes erreurs et devenir encore plus puissants", estime Robert McIntyre.

Pas encore commercialisés sur le marché, plusieurs personnes auraient déjà payé 10 000 dollars pour bénéficier des services de Nectome lorsqu'ils seront en état de fonctionnement.