tatouages en entreprise
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En 2018, plus de 18% des Français étaient tatoués, en particulier les 18-35 ans, contre 14% en 2016 et 10% en 2010, selon une étude de l'Ifop. Pourtant malgré l'apparente acceptation sociale du tatouage, les personnes tatouées souffrent de discrimination en entreprises, selon une étude menée par Sarah Alves et Vincent Meyer, enseignants-chercheurs à l'EM Normandie. Selon eux, des préjugés tenaces subsistent à l'égard des personnes tatouées dans le milieu professionnel.

Elles font l'objet d'a priori négatifs, alimentant de puissants stéréotypes et des idées préconçues au sujet de leurs compétences et de leur crédibilité au travail. "Alors que de nombreuses discriminations sont aujourd'hui documentées et combattues, celle liée au tatouage peut être classée parmi les discriminations invisibles", expliquent Sarah Alves et Vincent Meyer.

Leurs résultats s'inscrivent dans le sillage d'études américaines (Kluger, 2015) selon lesquelles ces personnes sont décrites comme plus rebelles (50%), moins attirantes (45%), moins sexy (39%), moins intelligentes (27%), moins saines et moins spirituelles (25%). Elles seraient aussi plus extraverties, moins conformistes, consommatrices de substances illicites et enclines à la prise de risques.

Ces idées reçues conduisent ainsi de nombreuses personnes à dissimuler leurs tatouages sur leur lieu de travail par crainte d'être jugées négativement par leurs collègues et supérieurs hiérarchiques.

L'enquête révèle que pour les personnes tatouées, le tatouage revêt une signification très personnelle. Il est souvent l'expression d'un épisode de vie dont elles souhaitent garder une marque corporelle indélébile qui fait partie intégrante de leur identité. Or, l'étude met également en lumière l'adage selon lequel les tatouages ne sont pas un problème au travail ... tant qu'ils restent invisibles, et plus particulièrement aux yeux des clients de l'organisation.

De ce fait, nombre de personnes tatouées sont contraintes de cacher leurs tatouages par défaut. Cette auto-censure entrave leur capacité à s'exprimer pleinement au travail et entraîne des conséquences sur leur satisfaction et leur engagement professionnel, les rendant ainsi moins productives en entreprise.