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AFP/Reuteurs

"Certains pensent que je suis fou !" Björn Gulden, le directeur général d'Adidas depuis un peu plus d'un an, a marqué les esprits par sa méthode de management particulièrement hétérodoxe. Le quotidien économique américain The Wall Street Journal a dévoilé, le 13 janvier dernier, que le patron de la marque aux trois bandes avait partagé des données confidentielles à ses 60 000 employés comme des informations financières et même... son numéro de téléphone portable !

Ainsi, Björn Gulden assure recevoir des dizaines voire des centaines de sollicitations par semaine. Jouant la carte de la transparence, le dirigeant norvégien espère ainsi remobiliser les équipes d'Adidas, qui a récemment fait face à plusieurs polémiques comme son divorce avec le rappeur taxé d'antisémitisme Kanye West. Et - assez étonnamment - cette méthode de management divise : "Certaines personnes l'adorent, d'autres le détestent probablement", confie-t-il au média américain.

Jeff Bezos déplore la paresse de ses salariés

Les autres grands patrons entretiennent-ils cette même proximité avec leurs salariés ? Leur octroient-ils ce même gage de confiance ? Pas vraiment... Le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, n'est, par exemple, pas forcément connu pour sa bienveillance avec ses équipes. Loin de là : ce dernier déplorerait même régulièrement la fainéantise de ses employés. "Jeff Bezos croit que les gens sont intrinsèquement paresseux. Ce qu'il disait, c'est que notre nature d'humain est de dépenser le moins d'énergie possible pour obtenir ce que nous voulons ou ce dont nous avons besoin", explique David Niekerk, ancien vice-président d'Amazon au New York Times.

Et cela se traduit par des règles particulièrement contraignantes imposées aux travailleurs de la multinationale, dont l'optimisation du rendement est le leitmotiv : "Amazon est capable de licencier un employé pour une seule journée de faible productivité", poursuit David Niekerk. Cet élément fait écho aux enquêtes menées sur les conditions de travail dans l'entreprise qui avaient notamment révélé que les salariés n'avaient même pas le temps de prendre de "pause-pipi".

Pour faire face à cette image qui lui colle à la peau, Jeff Bezos a promis, en 2021, de "faire des efforts pour ses employés", en investissant 300 millions de dollars à cet effet. Est-ce un effort suffisant pour un homme qui pèse aujourd'hui près de 175 milliards de dollars ?

Télétravail interdit, critiques proscrites... Elon Musk cadenasse ses employés

Elon Musk n'est pas non plus le patron le plus facile du monde du travail. Sa confiance accordée aux employés est fortement limitée comme le montre sa vision du télétravail. Considérant que cet exercice hybride du travail empêche d'atteindre l'excellence, le milliardaire lui a déclaré la guerre, encourageant fortement ses équipes à revenir massivement au bureau au sortir de la crise sanitaire.

Parallèlement, l'homme qui n'accepte pas les critiques de ses employés - de nombreux d'entre eux ont été licenciés pour avoir manifesté un désaccord avec leur patron - n'est pas le plus reconnaissant des dirigeants. Un exemple est assez fort d'enseignement : En 2014, son assistante personnelle Mary Beth Brown pour Tesla et SpaceX lui avait demandé une augmentation après une douzaine d'années de loyaux services. Pour identifier si elle lui était indispensable ou non, Elon Musk lui a suggéré de prendre deux semaines de congés.

Cette période s'est finalement soldée... par un licenciement. En effet, l'homme d'affaires s'était rendu compte qu'il pouvait se passer des services de son assistante. "Quand elle est revenue, ma conclusion était simplement que notre relation n'allait plus fonctionner. Douze ans, c'est une bonne période pour n'importe quel emploi. Elle fera un excellent travail pour quelqu'un d'autre", aurait-il déclaré selon Ashlee Vance, auteur de l'ouvrage Elon Musk : Tesla, Paypal, SpaceX, l'entrepreneur qui va changer le monde.

Enfin, cette analyse de la relation qu'entretient Elon Musk avec ses équipes ne peut pas faire l'impasse sur la façon dont l'entrepreneur sud-africain, canadien et américain a licencié la moitié des effectifs de Twitter lorsqu'il est arrivé à la tête du réseau social, en octobre 2022. Quand il ne l'annonçait pas directement sur Twitter, il envoyait un simple e-mail avertissant l'employé de son licenciement. Qu'en pensent les RH ?

Mark Zuckerberg mise sur la sincérité... pour mieux faire passer la pilule

Contrairement à Elon Musk, Mark Zuckerberg voit en la méthode du télétravail une excellente façon de laisser ses employés libres d'exercer leurs tâches professionnelles. Ce dernier assurait même souhaiter faire de son entreprise Meta "la plus avant-gardiste en matière de travail à distance à son échelle".

Mais depuis, après avoir constaté quelques limites du télétravail en matières d'efficacité, le fondateur de Facebook a changé de cap : "Notre analyse montre que les ingénieurs en début de carrière réussissent mieux en moyenne lorsqu'ils travaillent en personne avec des coéquipiers au moins trois jours par semaine. Cela nécessite une étude plus approfondie, mais notre hypothèse est qu'il est encore plus facile d'établir la confiance en présentiel et que ces relations nous aident à travailler plus efficacement", a-t-il expliqué dans une note adressée à ses équipes.

Comme d'autres dirigeants de mastodontes de la Tech, Mark Zuckerberg n'hésite pas à procéder à des vagues de licenciements massives lorsque la situation économique lui est défavorable. C'est ainsi qu'en novembre 2022, l'homme d'affaires a annoncé "laisser partir 11 000 de (ses) employés talentueux".

Mais pour expliquer cette décision, le milliardaire américain avait alors adressé une longue lettre sincère et transparente à ses équipes. "La dépression macroéconomique, le renforcement de la concurrence et la perte de signaux importants pour la publicité ont fait chuter nos revenus bien plus bas que je l'avais anticipé. Je veux assumer la responsabilité de ces décisions et de la façon dont nous en sommes arrivés là", reconnaissait-il dans la note. À chacun sa méthode de management.