Les retraites complémentaires revalorisées à hauteur de 4,9 %
Les retraites complémentaires revalorisées à hauteur de 4,9 % Pexels

POINTS CLÉS

  • Les partenaires sociaux rejettent la requête du gouvernement qui demandait à l'Agirc-Arrco de faire un effort en faveur du régime général de retraite
  • La revalorisation des pensions a été décidée à hauteur de 4,9 %
  • Les organisations patronales et syndicales ont jusqu'au 11 octobre pour signer l'accord

Les syndicats de salariés et le patronat tiennent tête à l'exécutif ! Alors que les deux parties - représentées par trois organisations patronales et cinq organismes syndicaux - entamaient des discussions dans l'objectif de redéfinir les règles du régime Agirc-Arrco pour la période 2023-2026, le gouvernement espérait que ces négociations aboutissent à un effort réalisé en faveur du régime général de retraite, participant au relèvement du minimum contributif. Selon lui, l'Agirc-Arrco doit se servir de sa bonne santé financière (68 milliards d'euros de réserves) pour contribuer à l'objectif d'un retour à l'équilibre général, ambition au cœur de la réforme repoussant l'âge pivot de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Cette dernière devrait d'ailleurs remplir les caisses de l'Agirc-Arrco de 22 milliards d'euros sur les 15 ans à venir.

Réclamant entre 1 milliard et 3 milliards d'euros par an au régime de retraite complémentaire jusqu'à la fin de la décennie, l'exécutif a été débouté de sa demande, à l'issue des négociations entre syndicats et patronat. "On résiste tous. On refuse de signer un chèque au gouvernement. Si on ouvre cette porte, le paritarisme est mort. Le patronat est aligné avec les organisations syndicales et c'est ça qui va nous rendre forts", se félicite Christelle Thieffinne, secrétaire nationale à la protection sociale de la CFE-CGC. Le négociateur de Force Ouvrière (FO), Michel Beaugas, considère même que la demande gouvernementale s'apparentait à du "détournement de fonds".

Selon les syndicats et le patronat, ce devoir de "solidarité" évoqué par le gouvernement empêcherait toute velléité de revalorisation des pensions. "Malgré les pressions de l'exécutif au cours de cette négociation, les partenaires sociaux ont avancé ensemble. On a un équilibre entre la préservation du pouvoir d'achat des retraités et la pérennité financière du régime dans la durée. Si le gouvernement s'obstinait, il devrait en porter la responsabilité", prévient la négociatrice du Medef, Diane Milleron-Deperrois. Selon les organisations syndicales et patronales, le système de retraites complémentaires permettant à 13 millions de retraités de se partager, chaque année, 87 milliards d'euros doivent aussi être préservés.

Une hausse de près de 5% des pensions

Les partenaires sociaux estiment qu'un milliard d'euros prêté au gouvernement équivaudrait à 1,1 % d'augmentation des retraites complémentaires. Ces derniers ont donc opté pour le deuxième cas de figure en procédant à une revalorisation des pensions. Dès le 1er novembre, les retraites complémentaires devraient donc augmenter de 4,9 %, s'alignant ainsi au niveau de l'inflation. L'accord est, en revanche, moins ambitieux pour la période 2024-2026 : l'augmentation des pensions pourrait être sous-indexée de 0,4 % maximum en dessous de l'inflation, en fonction de la future conjoncture économique.

De même, la décote temporaire de 10 % - aussi appelée "malus" - s'appliquant depuis 2019 sur les pensions de nombreuses personnes pourtant parties en retraite en ayant rempli toutes les conditions légales sera supprimée dès le 1er décembre pour les nouveaux retraités. Celle-ci sera retirée pour l'ensemble des retraités concernés à partir d'avril 2024. Pour concrétiser le compromis trouvé dans la nuit du 4 au 5 octobre et ainsi officialiser la revalorisation des pensions, les partenaires sociaux ont jusqu'à mercredi prochain pour signer l'accord.