Face aux prix élevés de l’énergie, l’économie allemande va se contracter en 2023, prédit le gouvernement
Face aux prix élevés de l’énergie, l’économie allemande va se contracter en 2023, prédit le gouvernement AFP

Le gouvernement allemand a revu à la baisse ses prévisions de croissance mercredi, prévoyant que la première économie européenne connaîtra un déclin cette année alors qu'elle lutte contre une inflation élevée, des prix élevés de l'énergie et un effondrement du secteur manufacturier.

La production diminuera de 0,4 pour cent, a indiqué le ministère de l'Economie dans ses dernières projections.

Il s'agit d'une révision à la baisse par rapport à sa dernière estimation d'avril, où Berlin prévoyait une croissance de 0,4 % en 2023.

L'économie est confrontée à de graves difficultés depuis que l'invasion de l'Ukraine par la Russie l'année dernière a fait monter en flèche l'inflation, en particulier le coût de l'énergie.

La crise a été aggravée par un ralentissement du secteur manufacturier énergivore, la faiblesse de son principal partenaire commercial, la Chine, et des hausses de taux agressives dans la zone euro visant à maîtriser la flambée des prix à la consommation.

"Dans un environnement géopolitique difficile, nous sortons de la crise plus lentement que prévu", a reconnu le ministre de l'Economie Robert Habeck dans un communiqué.

L'économie allemande est entrée en récession au début de l'année et peine depuis à se relever, enregistrant une croissance nulle au deuxième trimestre.

La prévision du gouvernement est conforme à d'autres récentes estimations sombres.

Le Fonds monétaire international prévoit mardi que l'Allemagne sera la plus mauvaise économie majeure en 2023, avec une baisse de 0,5 pour cent.

Dans ses prévisions de mercredi, le gouvernement a prédit que l'économie reprendrait l'année prochaine avec une croissance de 1,3 pour cent et augmenterait de 1,5 pour cent en 2025.

L'inflation devrait s'établir à 6,1% cette année, avant de baisser à 2,6% l'année prochaine et à 2% en 2025, a indiqué le ministère de l'Economie.

Habeck a voulu adopter un ton optimiste, notant que "pour l'année à venir, nous prévoyons à nouveau une croissance".

"Le cap d'une reprise économique durable est posé : la baisse de l'inflation est significative et, avec elle, les revenus réels augmentent à nouveau."

Les dernières prévisions officielles d'avril ont été publiées alors que l'espoir grandissait que l'Allemagne ait mieux résisté que prévu à la crise énergétique, certains indicateurs pointant vers un rebond industriel.

Mais la situation s'est à nouveau détériorée ces derniers mois, avec des attentes croissantes selon lesquelles l'économie pourrait basculer à nouveau dans la récession.

Même s'ils ont baissé, les prix de l'énergie restent bien plus élevés qu'avant la guerre en Ukraine. Et même si l'inflation a ralenti à 4,5 pour cent en septembre, elle reste obstinément élevée.

La détérioration de la situation économique a donné lieu à un débat sur la question de savoir si l'Allemagne est à nouveau "l'homme malade de l'Europe", une étiquette datant de la fin des années 1990, lorsque le pays était aux prises avec les conséquences coûteuses de la réunification.

Mais certains analystes estiment que cela va trop loin, soulignant que le marché du travail reste robuste malgré les défis.

Le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, prévoit une reprise de l'économie en 2024.
Le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, prévoit une reprise de l'économie en 2024. AFP