Le projet de reconstruction de Notre-Dame a fourni une opportunité inattendue aux chercheurs d'étudier comment elle a été construite
Le projet de reconstruction de Notre-Dame a fourni une opportunité inattendue aux chercheurs d'étudier comment elle a été construite AFP

L'incendie qui a englouti Notre-Dame il y a quatre ans a révélé un secret longtemps caché sur le monument parisien : c'était la première cathédrale gothique dans laquelle des agrafes en fer ont été largement utilisées tout au long de la construction.

Il a fallu une quasi-destruction et un vaste projet de restauration toujours en cours pour qu'une équipe d'archéologues découvre les armatures de fer.

La construction de la célèbre cathédrale au cœur de la capitale française a commencé en 1160 et ne s'est achevée que près d'un siècle plus tard.

C'était le plus haut bâtiment de son temps, avec des voûtes atteignant jusqu'à 32 mètres (105 pieds), selon une étude publiée dans la revue PLOS ONE mercredi.

Maxime L'Héritier, archéologue à l'Université Paris 8 et auteur principal de l'étude, a déclaré à l'AFP que certains éléments de construction du bâtiment restaient inconnus, même après tous ces siècles.

On ne sait pas comment les constructeurs "ont osé - et réussi - à ériger des murs aussi minces à une telle hauteur", a-t-il déclaré.

Manquant de beaucoup de documentation datant d'il y a plus de 900 ans, "seul le monument peut parler" de sa construction, a-t-il ajouté.

L'incendie du 15 avril 2019 a mis à nu des agrafes en fer utilisées pour maintenir ensemble les blocs de pierre de la cathédrale.

Certains sont apparus dans la charpente du bâtiment, d'autres sont tombés au sol dans la chaleur de l'incendie.

La cathédrale pourrait être criblée de plus d'un millier d'agrafes en fer, selon l'étude.

Il existe des agrafes de différentes tailles, allant de 25 à 50 centimètres (10 à 20 pouces) de long, certaines pesant jusqu'à quelques kilos.

Ils ont été trouvés dans de nombreuses parties différentes de la cathédrale, y compris dans les murs de la nef, les tribunes du chœur et dans certaines parties de la corniche.

"Il s'agit de la première utilisation vraiment massive du fer dans une cathédrale gothique, à des endroits très spécifiques", a déclaré L'Héritier.

Les agrafes en fer sont utilisées dans la construction depuis l'Antiquité, notamment dans le Colisée de Rome et les temples grecs.

Mais dans ces cas, ils étaient simplement utilisés pour maintenir en sécurité de gros blocs de pierre aux étages inférieurs.

Notre-Dame a une "conception beaucoup plus dynamique de l'architecture", a déclaré L'Héritier.

Dès le début, les constructeurs ont utilisé les agrafes en fer pour fabriquer les gradins de la cathédrale au début des années 1160. Leurs successeurs ont poursuivi leur utilisation innovante sur les parties supérieures des murs au cours des 50 à 60 années suivantes.

Le fer sera ainsi utilisé dans de nombreuses cathédrales à travers la France.

Plus de 200 scientifiques travaillent à la restauration de Notre-Dame, dont la flèche emblématique devrait être remise en place d'ici la fin de cette année.

Le projet de reconstruction devrait être achevé d'ici la fin de l'année prochaine, a déclaré le mois dernier à l'AFP le ministère français de la Culture.

Cela signifie que le site touristique, qui accueillait auparavant 12 millions de visiteurs annuels, ne sera pas ouvert lorsque Paris accueillera les Jeux Olympiques en juillet et août 2024.

Les grosses agrafes en fer révélées par l'incendie de 2019 qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris
Les grosses agrafes en fer révélées par l'incendie de 2019 qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris AFP
Agrafes en fer brûlé exposées par l'incendie
Agrafes en fer brûlé exposées par l'incendie AFP