Bonus réparation textile, la mesure qui va boucher un coin à la fast fashion !
Qui veut claquer 154 millions d'euros ? La trop méconnue Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Écologie jusqu'en juillet 2023, a eu une idée pour dépenser utilement l'argent public. Donner un coup de pouce financier aux personnes souhaitant faire réparer leurs vêtements ou leurs chaussures.
Un petit bonus réparation qui varie de 6 à 25 € et concerne les réparations d'un coût supérieur à 12 €. Les Français "jettent 700 000 tonnes de vêtements chaque année", a-t-elle expliqué, ajoutant que les deux tiers "finissent dans des décharges".
L'objectif, louable, est de casser le schéma classique "produire, consommer, jeter" établi par l'économie linéaire en prolongeant la durée de vie d'un objet en le réparant plutôt que de le jeter à la première occasion qui se présente.
De quoi faire trembler les géants de la fast fashion !
L'idée n'est pas nouvelle. On connaissait déjà le très ingénieux bonus réparation pour les appareils électroménagers et électroniques, qui va être augmenté et étendu au 1er janvier 2024.
Il faut dire que notre administration, toujours soucieuse du détail, avait oublié d'intégrer les téléphones mobiles dans le dispositif. Du coup, le bilan est plutôt maigre pour l'instant. À peine 20 000 opérations de réparations ont été effectuées depuis le lancement du dispositif qui permet de bénéficier de 10 à 45 euros pour redonner une seconde vis à son grille-pains ou son fer à friser.
D'ailleurs, comme le diable se niche dans les détails, il est intéressant de se plonger dans le descriptif de l'opération. On y apprend que le dispositif concerne tous les vêtements et chaussures, à l'exception des sous-vêtements, de la lingerie, des vêtements en cuir (les chaussures en cuir sont éligibles) et des vêtements en vraie fourrure.
Côté cordonnerie, le bonus va de 7 € pour un changement de bonbout (pièce de cuir ou de caoutchouc placée sous le talon) à 25 € pour une opération de ressemelage de chaussures en cuir. Une couture ou un recollage de semelle permet d'obtenir 8 € de réduction ; une pose de patins également.
Pour les vêtements, le bonus minimum est de 6 € (refaire une couture non doublée), le maximum de 25 € (changement d'une doublure complexe). La réparation d'un trou, d'un accroc ou d'une déchirure permet de bénéficier de 7 € de ristourne ; un changement de zip de 8 à 15 € selon sa taille. Ces différents bonus sont cumulables, dans la limite de 60 % du montant de la facture.
Retenue à la source
Mais selon les fonctionnaires du ministère, le vrai génie du système réside dans sa... "simplicité".
Pour faire réparer son pull-over moche de Noël dernier, acheté 12 euros chez Lidl, il suffit de se rendre chez l'un des 600 retoucheurs ou cordonniers labellisés qui exercent sur le territoire pour bénéficier de l'aide.
"Le consommateur n'a aucune démarche particulière à effectuer pour bénéficier de ce rabais : il est automatiquement déduit de la facture, sur laquelle il doit apparaître clairement.
Petit test rapide. Étant localisé à Pornic, en Loire-Atlantique, au moment de la rédaction de cet article, le site me propose de me rendre chez Rapid'couture à Saint-Nazaire pour redonner une seconde vie à mon pull moche. 70 kilomètres aller-retour, quand même !
Budget pour la pose d'un petit coude en plastique sur mon pull ? 38 euros. Avec les 7 euros de ristournes étatiques, me voilà à 31 euros. La belle affaire.
Pas sûr que je ne m'arrête pas au premier Lidl venu pour me racheter un nouveau pull moche !
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