Le marché des boissons sans alcool grimpe en France
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"Sans alcool, la fête est plus folle !" Depuis près d'une décennie, les marques proposant des boissons dépourvues d'alcool ont fleuri aux quatre coins de la planète. Même goût (ou presque) mais aucune présence d'alcool, pour le plus grand plaisir du foie des consommateurs. Mais ces nouvelles recettes sont-elles si saines pour la santé ? Pas vraiment, à en croire une étude publiée au début du mois de décembre dans le Journal of Food Protection.

En effet, selon cette dernière, le fait d'utiliser les mêmes méthodes de fabrication traditionnelle pour une bière sans alcool que pour les bières classiques peut générer une contamination : "Nous soupçonnions que des agents pathogènes d'origine alimentaire pourraient se développer sans la présence d'alcool. Nous avions raison. À ce stade, vous devez considérer la bière sans alcool comme un aliment et vous assurer que tous les paramètres sont respectés pour garantir la sécurité du produit", explique Randy Worobo, professeur de sciences alimentaires au College of Agriculture and Life Sciences dans ladite étude.

Les bières sans alcool représentent 3,8 % du marché brassicole

L'absence d'alcool - qui permet d'éviter la potentielle propagation de bactéries - peut ainsi s'avérer dangereuse pour la santé des consommateurs : "Sans la protection offerte par l'alcool, les fabricants doivent tenir compte de la manière dont les pathogènes peuvent se développer à partir des produits bruts au cours de la transformation", prévient le spécialiste.

Malgré tout, ce marché émergent semble attirer de plus en plus de consommateurs qui souhaitent continuer de s'amuser, tout en évitant la gueule de bois du lendemain (ou qui doivent prendre le volent pour rentrer). En effet, à l'exception des "années Covid", le secteur a, chaque année, enregistré une hausse en volume. Alors qu'en 2018 (+2,3 %) et en 2019 (+2,7 %), celle-ci était assez contenue, l'année 2023 a été particulièrement fructueuse pour le marché (+5,5 %). Parallèlement, la consommation d'alcool a diminué de près de 30 % en vingt ans.

Aujourd'hui, les bières sans alcool représentent 3,8 % du chiffre d'affaires global des bières et des panachés, selon le spécialiste des études de marché Businesscoot. Ces dernières ont d'ailleurs connu une hausse de la valeur des ventes de 23,6 % en 2021.

Le vin sans alcool a également la cote !

Selon la même étude publiée en 2022, le marché des vins et des spiritueux sans alcool a augmenté de 13 % en 2021 dans l'Hexagone. Une croissance annuelle qui avoisinerait les 10 % jusqu'en 2025 est même attendue. "On commence à sortir du phénomène de tendance. Les vignerons m'appellent pour se renseigner et se demander s'ils doivent s'orienter dans le secteur du marché des vins désalcoolisés", confiait, en septembre dernier, Jérôme Cuny, fondateur de l'entreprise nantaise La Cave parallèle, au média local L'Hebdo de Sèvres & Maine.

Proposant essentiellement des bouteilles de vin sans alcool, l'entrepreneur nantais prévoit également une croissance de 10 à 15 % dans les prochaines années. Et selon lui, les personnes qui ont entre 28 et 45 ans représentent la majorité de sa clientèle. Pour autant, ces derniers n'ont, pour la plupart d'entre eux, pas encore banni l'alcool de leur alimentation : "80 % de mes clients continuent à boire de l'alcool. Ils essayent de modérer leur consommation d'alcool en semaine en optant pour des boissons sans alcool", assure-t-il auprès du journal régional.

La génération Z et les consommateurs âgés de 50 à 75 ans ne sont, en revanche, pas vraiment attirés par ce marché, comme le constate Jérôme Cuny.

Le Dry January : Une aubaine pour le secteur du sans alcool

Tandis que de plus en plus de Français prennent conscience du danger que peut représenter la consommation non modérée d'alcool (49 000 décès par an en France sont liés à cette substance), des initiatives comme le Dry January participent au développement du secteur des boissons sans alcool. Et chaque année, un tiers de la population hexagonale envisage d'y participer. Une aubaine pour les entreprises comme La Cave parallèle !

Toutefois, pour conserver l'image d'alternative meilleure pour la santé, les acteurs du sans alcool devront tout de même, comme l'indiquait le professeur Randy Worobo dans son étude, revoir leur procédé de production.