Les entreprises françaises sont-elles moins "vertes" que leurs voisines ?
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La responsabilité des entreprises, de plus en plus scrutée dans le monde, est progressivement devenue l'un des éléments les plus fondamentaux de leurs attractivités. C'est ce que nous expliquait Bruno Lanvin, directeur exécutif des indices mondiaux à l'Insead, au début du mois de novembre : "Nous vivons une modification fondamentale de la nature du travail et de son organisation. Les jeunes travailleurs souhaitent davantage contribuer à l'amélioration de la société (environnement, réduction des inégalités, restauration des liens sociaux...). Les valeurs du pays deviendront ainsi davantage cruciales pour attirer les talents".

Pour savoir où se situe la France dans le monde sur ce sujet, le groupe spécialiste de la data Altares a dressé un panorama trimestriel sur l'engagement RSE des entreprises hexagonales et internationales grâce à leur score ESG (celui-ci faisant référence à l'évaluation de leurs facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance).

Premier constat : la France ne détient pas, sur son territoire, les entreprises les plus engagés de la planète. Loin de là ! "Le score français, supérieur à la moyenne mondiale, est moyen et ne figure pas dans le top 10", affirme Corinne Lepage, fondatrice du cabinet Huglo-Lepage et ancienne ministre de l'Environnement. En effet, l'Hexagone se classe seulement en 47e position sur les 188 pays analysés. La Suède, l'Irlande et l'Autriche sont les trois États présentant le meilleur score ESG moyen. La Belgique et le Luxembourg - deux pays voisins de la France - font, quant à eux, partie du top 10.

Malgré tout, la dynamique de l'engagement des entreprises françaises est encourageante : "On constate pourtant une progression globale puisque 37 % des entreprises ont un score ESG engagé, soit 3 % de plus qu'au trimestre précédent", précise l'ancienne ministre. Laurent Luce, expert ESG d'Altares, dresse le même constat : "De plus en plus d'entreprises, de toutes tailles et tous secteurs d'activité, y compris les TPE et PME, sont engagées dans une démarche RSE, conscientes de l'impact de leur comportement sur leurs relations commerciales", explique-t-il.

La France privilégie le social à la planète

Selon le baromètre, les efforts sur le pilier "environnemental" des entreprises françaises sont globalement insuffisants. Effectivement, le score de ces dernières atteint seulement celui de la moyenne mondiale.

En revanche, le très haut niveau de performance des entreprises françaises sur le volet "social" permet à l'Hexagone de figurer parmi la première moitié des pays dont les entreprises sont les plus engagées. En effet, tandis que le score moyen relatif au pilier "social" des entreprises dans le monde atteint 2,69, celui de la France est de 1,64 (le score ESV va de 1 à 5, 1 étant la meilleure note et 5 la moins bonne).

Le score ESG de la France
Altares

"Ces chiffres permettent de souligner la performance du pilier 'social' dans la note globale ESG et de la comparer au pilier 'environnemental', deux domaines où des actions très concrètes peuvent être menées avant le déploiement de la CSRD en 2024", analyse Victor Waknine, fondateur de Mozart Consulting, qui intervient pour les DG & DRH en stratégie, organisation et engagement du capital humain.

Après la mise en vigueur de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises seront effectivement tenues de fournir les informations relatives à l'impact de leurs activités sur la société et sur l'environnement. Cela devrait ainsi pousser les entreprises de l'Hexagone à revoir leur copie RSE en se concentrant davantage sur le volet environnemental.