José Manuel Escoin, président-fondateur de Casa Padel
Casa Padel

Le Padel est, sans contestation, l'activité sportive qui a connu la progression la plus importante en France depuis la fin de la crise sanitaire. Ce sport de raquettes à mi-chemin entre le tennis et le squash compte désormais plus de 500 000 pratiquants dans l'Hexagone, contre seulement 180 000 en 2020. De plus en plus d'entreprises surfent sur cette tendance en inaugurant de nouvelles structures consacrées à cette activité sur le territoire français.

Le groupe Casa Padel, dont le premier centre a ouvert ses portes en 2017 à Saint-Denis, fait figure de pionnier dans le secteur. Pour comprendre l'engouement que suscite ce sport émergent en France, nous avons interrogé José Manuel Escoin Cano, le président-fondateur de Casa Padel.

Pourriez-vous nous présenter votre entreprise Casa Padel ?

En juillet 2017, nous avons ouvert notre premier centre de padel en Île-de-France à Saint-Denis - qui est le plus grand de la région - et nous devenons progressivement un groupe avec, notamment, l'ouverture d'un deuxième centre à Asnières en janvier prochain et d'un troisième à Mulhouse en février 2024. Nous voulons nous développer sur le plan national en ouvrant des clubs de sport qui sont de véritables lieux de vie, consacrés à un seul sport : le padel.

Parallèlement, nous proposons des activités annexes comme de la restauration ibérique, de la remise en forme avec un espace bien-être et fitness... Nous disposons aussi de nombreux bureaux dans nos centres qui nous permettent d'organiser des team building ou des séminaires BtoB en tout genre. Ces salles représentent également un espace de coworking pour nos adhérents qui ont ainsi la possibilité de télétravailler la journée et de faire leur séance de padel dans la foulée. Les clubs Casa Padel sont de véritables "petits countries".

Comment votre activité a-t-elle évolué ?

Au sortir de la crise sanitaire, dès la première année en 2021, nous sommes déjà parvenus à être bénéficiaires. En 2022, nous avons réalisé un chiffre d'affaire d'1,65 million d'euros (avec 600 000 euros de bénéfices) et là nous finirons l'année 2023 avec plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous sommes très contents, notre activité fonctionne très bien. Malgré ses effets fortement préjudiciables pour notre entreprise, le Covid a tout de même permis au padel de se développer en France, à notre plus grand bonheur ! Et cela continuera à coup sûr durant les dix prochaines années.

Sur notre seul club de Saint-Denis qui compte plus de 10 terrains, nous accueillons quotidiennement entre 500 et 600 joueurs en semaine et entre 700 et 800 le week-end, pour une moyenne de présence de 2h40. Nous sommes le plus gros club de padel de France au niveau du nombre de licenciés : nous en comptons un millier environ.

Pourquoi avoir fondé Casa Padel en 2017, lorsque ce sport était encore assez inconnu du grand public en France ?

Je possède la bi-nationalité franco-espagnole. J'ai la double culture et donc j'ai toujours été proche de ce qu'il se faisait en Espagne. En l'occurence, le padel est un sport particulièrement important dans le pays depuis plusieurs décennies. L'Espagne compte d'ailleurs près de 5 millions de pratiquants.

En 2014, la Fédération Française de Tennis (FFT) annonçait prendre la tutelle de ce sport et en observant le succès qu'il revêtait en Espagne, j'ai décidé, avec mon ami Olivier Sanviti, de développer un business en France autour du padel. Nous avons eu le nez creux car nous nous sommes installés à Saint-Denis avant que Paris ait été sélectionnée pour organiser les JO de 2024. Ce qui était au départ une aventure humaine devient un véritable business aujourd'hui.

Aujourd'hui, l'Hexagone compte plus d'un demi-million de joueurs de padel contre seulement 180 000 il y a encore trois ans. Comment expliquez-vous cet engouement en France pour ce sport ?

Son côté ludique plaît beaucoup. C'est un sport collectif, très convivial qui se joue à deux contre deux. De plus, l'apprentissage du padel est très facile : 5 ou 6 cours suffisent pour être capable d'y jouer de manière tout à faire convenable. Le padel est donc très accessible.

Et l'engouement s'explique facilement : Tout d'abord, la FFT a récemment organisé deux tournois de padel à Roland-Garros qui ont apporté de la médiatisation et une grande visibilité à ce sport émergent. Canal +, qui a acquis les droits de diffusion du padel, joue également un rôle très important pour le développement de ce sport.

Des stars du petit écran participent au développement du padel
Casa Padel / Padel Magazine

De plus, l'animateur Cyril Hanouna, qui est un peu le "Patrick Bruel du padel", profite régulièrement de son programme à la télévision pour offrir une belle exposition au padel. De nombreuses stars du ballon rond, à l'image d'Hatem Ben Arfa ou de Robert Pirès, qui affectionnent particulièrement ce sport, participent également à cette exposition et à cette médiatisation. C'est ce qu'il manquait jusqu'alors au padel. Et je pense que nous franchirons la barre du million de joueurs d'ici trois à cinq ans.

De plus en plus d'entreprises surfent sur cette tendance avec, par exemple, Urban Padel qui a récemment ouvert un centre de padel à Clermont-Ferrand et à Dijon. Craignez-vous cette montée de la concurrence ?

Pas du tout car, aujourd'hui, il y a tellement de part de marchés dans ce secteur que tout le monde peut, pour l'instant, en bénéficier. Nous ne sommes pas des concurrents mais plutôt des confrères. Justement, ce sont des bonnes nouvelles que de nouveaux centres ouvrent sur le territoire français, à l'instar d'Urban Padel.

Nous devons tous ouvrir de plus en plus de clubs pour pousser encore davantage la démocratisation du padel en France, et pour être capable de répondre à la demande croissante attendue. Si nous ne sommes pas capables de répondre suffisamment à cette demande, cela pourrait créer de la frustration. La concurrence est donc aujourd'hui très positive et particulièrement saine. Dans 10 ans, certainement que cela évoluera mais pour le moment, voilà comment je décris la relation entre les différents acteurs du marché.

Quels sont vos différents projets visant à agrandir la marque Casa Padel en France ?

Nous sommes en plein développement. Nous venons de terminer une première levée de fonds de 3,5 millions d'euros pour financer le déploiement de notre marque dans l'Hexagone. De même, nous sommes en négociation avec un partenaire stratégique pour compléter cette base de financement.

Au total, nous avons une douzaine de projets en cours de négociation pour une échéance de 2027. Sur ces projets, quatre sont en construction, quatre autres sont en cours de signature et quatre sont encore en négociation. Un club à Toulouse par exemple ouvrira au premier trimestre 2025 (en plus d'Asnières et de Mulhouse qui ouvriront donc au début de l'année prochaine). Et d'ici 2030, notre ambition est d'en totaliser 24. Il n'y a pas de plafond de verre pour le développement du padel en France et donc, corrélativement, pour le développement de notre entreprise.