La mort des migrants a exacerbé les tensions entre Paris et Londres mais les gens continuent de faire la dangereuse traversée
La mort des migrants a exacerbé les tensions entre Paris et Londres mais les gens continuent de faire la dangereuse traversée AFP

Les procureurs français ont inculpé jeudi cinq militaires pour ne pas avoir secouru des dizaines de personnes à bord d'un bateau de migrants en détresse traversant la Manche vers la Grande-Bretagne en 2021, a indiqué une source judiciaire.

Le naufrage du petit bateau dans la Manche en novembre 2021 a fait 27 morts parmi les migrants, principalement des Kurdes irakiens âgés de 7 à 46 ans, la pire catastrophe de ces derniers temps.

Plusieurs sources proches du dossier avaient indiqué plus tôt que les autorités avaient interpellé ces derniers jours neuf personnes, dont plusieurs militaires déployés comme garde-côtes dans le nord de la France, dans l'enquête sur le drame.

Une source proche du dossier a déclaré que les cinq personnes inculpées après des heures d'interrogatoire comprenaient trois femmes et deux hommes en service au centre de secours de la Manche à l'époque.

Ils ont été inculpés de non-assistance à personne en danger, a indiqué la source judiciaire qui a requis l'anonymat. Les cinq restent libres et il est extrêmement rare que des militaires en service soient soumis à un quelconque contrôle judiciaire.

L'enquête en France se concentre sur les allégations selon lesquelles le personnel des services français en service dans le nord du pays n'a pas répondu correctement aux appels de détresse des personnes à bord.

Dans des documents juridiques consultés par l'AFP, les autorités françaises sont accusées d'avoir ignoré les appels à l'aide des migrants sinistrés une quinzaine de fois.

Le journal Le Monde a publié en novembre des révélations basées sur des documents contenus dans l'enquête judiciaire française, affirmant que les passagers avaient d'abord contacté le centre de sauvetage de la Manche à 1 h 48 le 24 novembre pour dire que leur navire se dégonflait et que son moteur s'était arrêté.

Ils ont envoyé leurs emplacements via WhatsApp environ 15 minutes plus tard.

"Nous ne pouvons que nous réjouir que les choses avancent d'un point de vue pénal, que nous fassions enfin la lumière sur cette affaire et que la parole des victimes et des proches des victimes puisse enfin être entendue au niveau judiciaire", a réagi Flore Judet, porte-parole d'Utopia 56, une association d'aide aux migrants.

Selon une retranscription d'une conversation téléphonique vue par l'AFP, un migrant a dit au téléphone aux garde-côtes français : "Aidez-moi s'il vous plaît ! (...) Je suis dans l'eau !" "Oui, mais vous êtes dans les eaux anglaises", a répondu le garde-côte.

" Non, pas les eaux anglaises ! Les eaux françaises ! Veuillez venir rapidement ! " insista la voix, avant que la conversation ne soit interrompue.

La France a déjà inculpé 10 passeurs présumés, principalement des Afghans, pour ce drame. La mort des migrants a exacerbé les tensions entre Paris et Londres, mais les gens continuent de faire la dangereuse traversée.