L'île de 11 millions d'habitants connaît sa pire crise économique depuis l'effondrement du bloc soviétique dans les années 1990.
L'île de 11 millions d'habitants connaît sa pire crise économique depuis l'effondrement du bloc soviétique dans les années 1990. AFP

Déjà sous le joug de l'inflation et de la pénurie de produits, de nombreux Cubains ne savent pas comment ils vont faire face à une nouvelle hausse de 500 pour cent du prix du carburant.

Le gouvernement de l'île communiste, à court de liquidités, a annoncé lundi une multiplication par cinq de ce montant, avec effet au 1er février, dans le cadre d'une série de mesures visant à réduire son déficit budgétaire.

Le prix d'un litre d'essence ordinaire passera de 25 pesos (20 cents américains) à 132 pesos, tandis que le prix de l'essence super passera de 30 à 156 pesos, a-t-il indiqué.

Pour acheter dix litres de carburant pour sa moto, soit suffisamment pour une semaine, Domingo Wong a déclaré à l'AFP qu'il lui faudrait désormais débourser plus de la moitié de son salaire mensuel d'environ 21 dollars.

"Dix litres, c'est ce que je consomme par semaine sans rien faire de spécial, juste au quotidien : aller au travail, amener ma fille à l'école, rendre visite à ma sœur", a déclaré le gardien de l'immeuble de 57 ans en faisant patiemment la queue pour faire le plein de son vélo.

Ce pays de 11 millions d'habitants connaît sa pire crise économique depuis l'effondrement du bloc soviétique dans les années 1990, en raison des conséquences de la pandémie de coronavirus, du renforcement des sanctions américaines ces dernières années et des faiblesses structurelles de l'économie.

Selon les estimations officielles, l'économie cubaine a reculé de 2 % en 2023, tandis que l'inflation a atteint 30 % en 2023. Des experts indépendants estiment qu'il s'agit probablement d'une sous-estimation.

Le carburant et les autres produits de base sont déjà difficiles à trouver.

Le gouvernement cubain, qui subventionne presque tous les biens et services essentiels, a déjà laissé entendre le mois dernier qu'il devrait augmenter les prix du carburant.

"Le pays ne peut pas maintenir le prix du carburant, qui est le moins cher du monde", a déclaré le ministre de l'Economie, Alejandro Gil.

Les autorités ont également annoncé que les touristes paieraient désormais leur carburant en devises étrangères et que la Banque centrale envisageait d'ajuster le taux de change par rapport au dollar.
Les autorités ont également annoncé que les touristes paieraient désormais leur carburant en devises étrangères et que la Banque centrale envisageait d'ajuster le taux de change par rapport au dollar. AFP

Le gouvernement a également confirmé lundi une hausse de 25 pour cent du prix de l'électricité pour les grands consommateurs résidentiels, ainsi qu'une augmentation du prix du gaz naturel.

De nombreux Cubains craignent désormais une inflation encore plus grave.

"Les prix en général vont augmenter parce que même la nourriture que nous mangeons dépend du transport", a déclaré à l'AFP Rafael Olivier, 21 ans, chauffeur de moto-taxi à La Havane.

Javier Vega, chauffeur de 33 ans pour une entreprise de covoiturage, a déclaré qu'il craignait l'effet sur les prix des voyages dans un pays où les transports publics sont déjà limités en raison d'une pénurie de carburant et de pièces détachées automobiles.

Le ministre de l'Energie, Vicente de la O Levy, a déclaré que la hausse des prix avait précisément pour but de réduire les pénuries, "d'acheter du carburant" et d'avoir "un approvisionnement stable".

Le prix d'un litre d'essence ordinaire passera de 25 pesos (20 cents américains) à 132 pesos à Cuba à partir du 1er février.
Le prix d'un litre d'essence ordinaire passera de 25 pesos (20 cents américains) à 132 pesos à Cuba à partir du 1er février. AFP

Les autorités ont également annoncé que les touristes paieraient désormais leur carburant en devises étrangères, également rares, et que la Banque centrale envisageait d'ajuster le taux de change par rapport au dollar.

Le peso a été dévalué deux fois depuis 2021.

L'économiste Omar Everleny Perez a déclaré à l'AFP que le carburant est peut-être bon marché à Cuba par rapport au reste du monde "mais si on le compare aux salaires dans le pays, il est très cher".

"Notre pouvoir d'achat ne suffit pas, cela nous affectera tous", a déclaré Juan Antonio Cruzata, 59 ans, travailleur indépendant. Le salaire cubain moyen équivaut à environ 40 dollars par mois.