crédit immobilier
Bercy veut assouplir les condition d'octroi des prêts immobiliers. Pexels

Les autorités ont adopté des nouvelles mesures pour relancer la machine du crédit immobilier, qui s'est brusquement grippée avec la hausse forte et continue des taux d'intérêt. Seront-elles suffisantes ? Les courtiers en doutent.

La stagnation du marché du crédit immobilier, entravé par une hausse soudaine des taux d'intérêt inquiète toujours autant les pouvoirs publics.

Lors de la trente-neuvième séance du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) présidé par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, l'institution a constaté la baisse drastique des crédits avec une production (hors renégociations) qui s'établit à 9,2 milliards d'euros en septembre 2023, en baisse importante par rapport aux niveaux records de 2022.

Pour relancer la machine, plusieurs ajustements techniques aux normes régissant l'octroi de prêts ont été annoncés. Ces modifications visent principalement à éliminer les obstacles techniques entravant la distribution de crédit sans pour autant interférer avec la politique monétaire.

Le premier ajustement permet d'allonger de deux ans la durée maximale d'un prêt, pour passer de 25 à 27 ans, en cas d'importants travaux de rénovation. Jusqu'à présent, un tel différé était possible si le montant des travaux équivalait à 25 % du crédit total. Ce seuil a été abaissé à 10 %. De quoi faciliter l'acte d'achat pour certains ménages et favoriser les travaux de rénovation énergétique, commente le HCSF.

Une autre mesure importante concerne l'exclusion de la charge d'intérêt des prêts relais du calcul du taux d'endettement. Cette modification vise à atténuer les complications liées à ces prêts temporaires, qui représentent environ 8 % de la production de crédit immobilier. Toutefois, cette exclusion est conditionnée à ce que le montant du prêt relais ne dépasse pas 80 % du crédit total.

En outre, le HCSF a accordé davantage de souplesse aux banques pour appliquer la dérogation de 20 % des dossiers aux normes existantes. Ce ratio pourra désormais être calculé sur neuf mois au lieu d'un seul trimestre, évitant ainsi des ajustements brusques dans la politique de distribution de crédit des banques.

Malgré ces ajustements, certains acteurs du marché, notamment les courtiers, expriment leur déception, estimant que ces mesures ne sont pas suffisantes pour dynamiser le marché immobilier. Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux, déplore l'absence d'un moratoire sur les règles du HCSF, qu'il considère comme la seule mesure efficace pour inverser la tendance.

La Fédération bancaire française (FBF), de son coté, rappelle que la baisse de la production de crédit est principalement liée à une diminution de la demande, résultant d'une baisse du pouvoir d'achat immobilier des ménages. Elle souligne également que la perspective de reprise dépendra du pouvoir d'achat, notamment des prix au mètre carré, et indique que le marché semble déjà en train de se stabiliser.

Face à ces critiques, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, défend les ajustements réalisés comme étant "raisonnables et pragmatiques", soulignant que les établissements de crédit doivent maintenant utiliser activement ces normes stabilisées pour accompagner la demande.