Les sondages ont toujours montré qu'une majorité de Français reste opposée à la réforme des retraites
Les sondages ont toujours montré qu'une majorité de Français reste opposée à la réforme des retraites AFP

Le président Emmanuel Macron doit s'adresser lundi à la France pour la première fois depuis la promulgation de sa réforme controversée des retraites, face aux avertissements que la crise politique et sociale déclenchée par les changements n'est pas terminée.

Macron a signé la législation tôt samedi, quelques heures seulement après que le changement de bannière pour relever l'âge de la retraite de 62 à 64 ans ait été validé par la Cour constitutionnelle, suscitant des accusations selon lesquelles il faisait passer la loi en douce en pleine nuit.

Après trois mois de manifestations et de grèves, la gauche et les syndicats ont juré de ne pas céder et ont mis en garde contre des manifestations de masse le 1er mai, la fête du Travail.

Les sondages ont toujours montré qu'une majorité de Français restaient opposés à la réforme, que le gouvernement a fait adopter au Parlement en utilisant un mécanisme controversé permettant son adoption sans vote.

Pendant ce temps, la cote de popularité personnelle de Macron s'est érodée, certains analystes suggérant qu'il a donné une longueur d'avance à la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen sur le long chemin des élections de 2027.

La presse l'a largement qualifiée de "victoire à la Pyrrhus" après le roi grec qui a vaincu les Romains mais a vu la majeure partie de son armée détruite dans le processus.

Macron devrait s'adresser à la nation vers 18h00 GMT, ont indiqué des sources présidentielles, dans un discours que le porte-parole du gouvernement Olivier Veran a déclaré samedi serait dans un esprit de "pacification".

Mais la dirigeante du puissant syndicat CGT Sophie Binet a déclaré dimanche dans une interview aux journaux régionaux que Macron était "en passe de devenir le président du chaos".

"Il ouvre la voie au Rassemblement national" du parti de Le Pen, qui a été présenté dans un sondage comme le vainqueur si l'élection présidentielle de 2022 était reconduite à l'heure actuelle, a-t-elle déclaré.

"Emmanuel Macron est loin d'avoir fini d'avoir à faire face à la crise sociale et politique, qu'il continue d'attiser dangereusement", estime le quotidien Le Monde dans un éditorial.

Il a noté que Le Pen était le seul homme politique français dont la popularité a été considérablement renforcée par la crise, tandis que la confiance dans les institutions démocratiques du pays a chuté.

"Le coût de la réforme des retraites semble exorbitant", a-t-il déclaré.

La crise survient également à un moment de défis croissants sur la scène internationale pour Macron, qui a été accusé de se rapprocher de la Chine lors d'une visite à Pékin la semaine dernière.

Macron, 45 ans, est arrivé au pouvoir en 2017 en promettant une réforme en France et une nouvelle politique. Mais ses opposants lui reprochent un comportement de plus en plus reclus et anti-démocratique.

"Emmanuel Macron n'a plus d'autorité (...) alors soudain il devient brutal et autoritaire", a déclaré dimanche à la télévision française la députée d'extrême gauche Clémentine Autain.

Le Pen a déclaré que Macron avait trois choix pour mettre fin à une crise "qu'il a lui-même créée" : un référendum sur les changements, des élections législatives ou la démission.

Mais la Première ministre Elisabeth Borne a promis samedi que le gouvernement poursuivrait d'autres réformes maintenant que la refonte des retraites était adoptée.

"Nous sommes déterminés à accélérer" le rythme des réformes, a-t-elle déclaré au conseil national du parti Renaissance de Macron.

Binet et d'autres patrons syndicaux ont appelé à un "raz-de-marée populaire et historique" de personnes dans la rue pour s'opposer aux réformes le 1er mai.

En prélude aux manifestations du 1er mai, les syndicats des cheminots appellent à une journée de "colère ferroviaire" le 20 avril.