Les jeunes travailleurs plus insatisfaits de leur emploi ?
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Une étude publiée, le 10 octobre dernier, par la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) met en évidence les différents motifs d'insatisfaction des Français actifs vis-à-vis de leur emploi. Selon les données recueillies, 36% des travailleurs, à l'exception des alternants et stagiaires, ont exprimé divers motifs d'insatisfaction en ce qui concerne leur situation professionnelle. Ces dernières peuvent s'expliquer de différentes manières : le désir de changer d'emploi, la volonté de travailler plus ou moins, ou encore le mécontentement envers un contrat temporaire non choisi.

Selon l'étude, 12 % des travailleurs français souhaitent changer d'emploi. Ceux-ci espèrent ainsi améliorer leurs conditions de travail, accroître leurs revenus, changer de secteur professionnel ou simplement d'employeur. La volonté de travailler davantage concerne 21 % des travailleurs, qui recherchent l'opportunité d'augmenter leurs heures de travail, et ainsi, leurs salaires. À l'inverse, 5 % préféreraient travailler moins. Cela reflète le besoin d'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une préoccupation majeure pour de nombreux actifs.

Un aspect alarmant de l'enquête concerne le mécontentement des travailleurs en contrat temporaire non choisi. 8 % des personnes interrogées sont dans cette situation et déplorent le fait de ne pas avoir pu choisir leur métier. Parmi elles, plus de 8 sur 10 souhaitent des changements significatifs dans leur carrière.

L'étude montre également que, parmi les salariés en contrat temporaire, près des trois quarts n'ont pas choisi ce type de contrat et plus de 8 sur 10 éprouvent un motif d'insatisfaction par rapport à leur emploi. Ce pourcentage élevé contraste fortement avec les non-salariés, parmi lesquels moins d'un quart exprime un mécontentement similaire. De plus, les jeunes, les travailleurs moins qualifiés, et dans une moindre mesure, les femmes (38 % contre 35 %), sont plus susceptibles d'être insatisfaits de leur emploi lorsqu'ils sont en contrat temporaire.

60 % des jeunes âgés de 20 à 22 ans sont insatisfaits de leur travail

Mis à part les étudiants en alternance et les stagiaires, il est à noter qu'en 2022, six jeunes sur dix âgés de 20 à 22 ans ont exprimé un motif d'insatisfaction à l'égard de leur emploi. Cette proportion diminue sensiblement avec l'âge, affectant environ une personne en emploi sur trois aux alentours de 45 ans, et une sur six à l'âge de 64 ans. Cette tendance se reflète pour trois des quatre critères d'insatisfaction examinés.

En effet, à l'âge de 20 à 22 ans, 37 % des jeunes souhaitent travailler davantage, tandis que ce chiffre chute à seulement 9 % à l'âge de 64 ans. De même, 18% des jeunes envisagent de changer d'emploi, comparativement à seulement 1% chez les personnes de 64 ans. En ce qui concerne le contrat de travail, 28 % des jeunes se retrouvent en contrat temporaire non choisi, par rapport à seulement 4 % des personnes de 64 ans.

Personnes ayant un motif d'insatisfaction vis-à-vis de leur emploi
Dares

Cette disparité est en grande partie attribuable à la proportion plus élevée de contrats temporaires chez les jeunes de 20 ans (où un emploi sur deux est un contrat temporaire) par rapport à ceux de 30 ans (seulement un sur sept). Malgré la fréquence plus élevée des contrats temporaires non choisis à l'âge de 20 ans (60 %), cette proportion atteint 75% à l'âge de 30 ans, parmi les salariés en contrat temporaire. Cependant, d'autres facteurs, tels que les phénomènes générationnels, les transitions vers des emplois plus satisfaisants tout au long de la carrière, ainsi que les sorties du marché de l'emploi (chômage ou inactivité), sont susceptibles d'influencer les variations d'insatisfaction liées à l'âge des travailleurs.

De même, les salariés peu qualifiés sont plus enclins à être insatisfaits de leur activité professionnelle. Tandis que 30 % des cadres éprouvent un motif d'insatisfaction vis-à-vis de leur emploi, cela concerne près d'un employé ou ouvrier peu qualifié sur deux.

Le type de contrat, un facteur déterminant ?

L'étude révèle des variations importantes selon le type de contrat. Parmi les salariés en CDI, 32 % présentent un motif d'insatisfaction vis-à-vis de leur emploi, tandis que ceux travaillant dans le secteur privé sont plus insatisfaits que les fonctionnaires ou les contractuels en CDI du secteur public (33 % contre 27 %).

En ce qui concerne les salariés en contrat temporaire, une proportion importante, soit près de trois quarts d'entre eux, n'ont pas choisi ce type de contrat, et 85% d'entre eux se disent insatisfaits de leur emploi. Cette insatisfaction est particulièrement prononcée pour les travailleurs en CDD (86 %) par rapport aux intérimaires (81 %). Curieusement, les intérimaires, bien qu'ils aient plus souvent choisi leur type de contrat que les CDD, expriment un désir plus fréquent de changer d'emploi et de travailler davantage.

Pour les salariés en CDD du secteur public, l'insatisfaction est encore plus répandue que pour leurs homologues du secteur privé (90 % contre 84 %). Cette disparité est liée au fait que les employés du secteur public ont moins souvent choisi ce type de contrat. En revanche, selon l'étude, ils expriment un désir légèrement moins fréquent de changer d'emploi ou de modifier leur volume de travail.