Yannis Sioudan, directeur d'Interférence Press
Yannis Sioudan

La société l'impose et ce constat fait face aux mutations profondes que traversent les français désormais : l'argent n'est plus le seul roi dans ce monde pluriel. Les générations X, Y et Z sont à bien plus d'un titre en confrontation dans le milieu du travail, néanmoins ils adhèrent tous à un modèle où les marques et les médias pourront répondre à leur besoin de représentativité.

Comment affronter ces obstacles sans y laisser des plumes ? Ces obstacles sont-ils les tremplins de demain pour ces acteurs engagés d'aujourd'hui ? Au-delà du concept philosophique qui prédomine, c'est une ode à une nouvelle logique qui est attendue.

À travers les époques et le temps, les médias ont toujours eu un lien fort avec la société. Des magazines comme Le Parisien et Le Monde l'ont montré avec leur lancement étroitement lié au contexte de guerre en 1944. Parler d'un miroir entre le journalisme et le comportement des citoyens serait donc un pur euphémisme. Ce qui ressort clairement, c'est que les médias, jadis dédiés au journalisme d'investigation, se retrouvent aujourd'hui contraints de répondre aux attentes d'un public doté de principes et d'exigences bien définis.

Principes politiques, environnementaux, sociétaux, les médias de demain sont donc les influenceurs d'hier ! Les journalistes deviennent à leur tour des créateurs de contenu, devant répondre à des envies d'évasion et de singularité. Des rédactions misent sous perfusion à l'aide de Google Actualité, des journalistes payés à la pige obligés de répondre à des contraintes SEO et du contenu publicitaire qui devient la norme dans les magazines décideurs. Le journalisme impartial et neutre disparaît au profit d'une vision opiniâtre, faisant des citoyens français bien plus critiques au regard des médias.

Rassembler par le collectif, nouer des partenariats pour s'immiscer dans l'univers de ses futurs et possibles nouveaux lecteurs, tel est désormais l'enjeu central pour ces médias, dont le modèle économique impose une réflexion d'entreprise . L'influence a maintes fois prouvé son efficacité à cet égard : un partenariat publicitaire bien pensé constitue un mariage harmonieux entre les attentes de la communauté et la créativité du créateur de contenu.

Récemment, le magazine Tempura, spécialisé dans la culture japonaise, a illustré cette idée en soutenant le cinéma indépendant d'Art et d'Essai, Les 7 Parnassiens. À travers plusieurs séances, le fondateur du magazine, Emil Pacha Valencia, aspire ainsi à immerger les lecteurs de sa publication dans l'univers cinématographique de films japonais emblématiques ayant marqué l'histoire. Savoir concilier croissance et ventes du magazine, au service ici d'un haut lieu de la vie culturelle pour les parisiens.

Un pari risqué mais gagnant en termes d'image et de confiance auprès du grand public.

Un magazine ne se limite plus uniquement au support papier, le magazine devient un objet d'art, un véhicule pour des engagements et doit s'entourer d'acteurs en complément de son travail narratif, au service du lecteur.

Dans ce besoin de représentativité et d'inclusion, les marques ne sont pas en reste non plus. Cela se manifeste à travers de nombreux concepts et projets défendant des causes sociétales. Elles aspirent à devenir des acteurs du changement dans une société où les décideurs d'hier et les entreprises traditionnelles semblent être en perte de vitesse. Si le principal frein pour les médias reste la confiance à instaurer entre eux et les lecteurs, le défi est tout autre pour les marques dont l'enjeu principal se situe dans ce sentiment d'honnêteté, vecteur d'acte d'achat pour les consommateurs.

Pour y arriver, le moyen le plus simple reste un ciblage pertinent pour son axe de communication. Ne plus tendre vers des articles en presse dont le but est de faire la promotion d'une marque, mais proposer à ses consommateurs de découvrir les coulisses de l'entreprise, ceux et celles qui portent ce projet. Créer un lien émotionnel et inclure le consommateur dans cette communauté, au profit d'une notoriété accrue. Faisant tomber les freins d'actes d'achat que sont le prix et ce sentiment d'inaccessibilité, qui se creusent avec une société de plus en plus polarisée (disparition des classes moyennes).

La norme désormais n'est plus de se demander ce que le consommateur pourrait nous apporter, mais ce que nous (communicants, marques, dirigeants) devons insuffler auprès du grand public.

Une démarche certes critiquable dans un monde capitaliste, mais une démarche louable dans un monde en perte de repère.