Coralie Gassama sur la piste du succès avec sa "coque d'Iphone" pour chaussures d'athlétisme

Dans le jargon des startupeurs, on appelle cela un " pain point ". En clair, proposer un nouveau produit qui répond à un problème qui se pose a un client. Et durant toute sa carrière de sportive de haut niveau, Coralie Gassama avait toujours le même problème : elle détestait marcher " comme un canard " avec ses chaussures d'athlétisme à pointe.

Alors, elle a imaginé une surcoque de protection qui lui permettrait de se déplacer hors de la piste, sans abîmer ses chaussures de compétition. " Le même principe qu'une coque d'Iphone " plaisante-t-elle.

Une comparaison simple mais qui marque très vite les esprits.

Car si pour la jeune athlète, au départ, l'objectif est juste d'imaginer un cas pratique pour ses cours sur l'entrepreneuriat au sein de la faculté STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) de Lyon où elle prépare un Master 2 en Management des Organisations du Sport, le cas est rapidement devenu concret quand elle se rend compte que le concept est inédit et qu'elle peut le protéger à l'INPI pour le développer.

D'autant qu'après un départ canon, avec notamment des médailles olympiques de la jeunesse, la jeune fille originaire d'Evreux doit mettre sa carrière d'athlète de haut-niveau en pause suite à une longue blessure.

Alors en 2021, la sprinteuse franco sénégalaise qui déroule les 400 mètres haies en 58''26, se dit qu'elle n'a plus une seconde à perdre et lance Keyana, en wolof, un dialecte sénégalais, cela veut dire " pourquoi pas ".

Très vite, elle imagine un prototype avec l'appui d'un bureau d'études à Saint-Étienne. Mais pour faire un moule, elle a besoin de 100 000 euros.

Bien implantée dans le milieu sportif lyonnais, elle réalise une première levée de fonds de 30 000 euros auprès de ses amis, avant d'obtenir le soutien de deux business angels, Pascal Vivier et Mathieu Renaud, un ancien du LOU, le club de rugby de Lyon.

Ils mettront 115 000 euros au pot pour lancer la partie industrielle. La production des " coques à pointe " peut démarrer. C'est une usine de la région spécialisée dans le moulage par inaction plastique qui s'occupera de la production de son premier produit, Key One, que Coralie veut 100 % Made in France.

Reste à faire connaître le produit, vendu un peu moins de 50 euros.

Coralie Gassama va alors faire tourner à plein régime son réseau. Très vite, elle est soutenue par des athlètes de très haut niveau comme Valentin Lavillenie, Pascal Martinot Lagarde et Laura Valette qui deviennent les ambassadeurs de la marque.

En 2022, la société réalise un modeste chiffre d'affaires de 50 000 euros. Cette année, il devrait atteindre les 100 000 euros.

Alors pour se développer plus vite, Coralie multiplie les salons en France et à l'étranger, notamment aux Etats-Unis où elle a piqué la curiosité de grandes marques.

" On réfléchit à la meilleure façon d'accélérer le développement de la marque, que ce soit sous notre marque ou en marque blanche ", explique-t-elle.

Surtout, la sportive de 26 ans, imagine déjà des futurs développements dans le cyclisme, le football ou le rugby, avec des chaussons de protection adaptés à chaque sport.

Pour l'instant, Keyana emploie trois personnes, hébergées dans un accélérateur de la ville de Lyon.

Elle bénéficie aussi de l'accompagnement de Séverine Desbouys au sein du programme de mentorat Palatine Women Project L'ancienne cycliste professionnelle qui fait désormais figure de référence sur la thématique de la reconversion d'un sportif dans le monde entrepreneurial.

Et elle devrait être rejointe très bientôt par deux nouveaux investisseurs prestigieux qui devraient la mettre sur la piste du succès !