La police a rapidement bouclé les lieux autour du pont de Bir Hakeim sur la Seine.
La police a rapidement bouclé les lieux autour du pont de Bir Hakeim sur la Seine. AFP

Un homme connu des autorités françaises pour son islamisme radical et souffrant de problèmes de santé mentale a poignardé à mort un touriste et blessé deux autres personnes dans le centre de Paris samedi soir avant d'être arrêté, les procureurs ouvrant une enquête sur un "complot terroriste" présumé.

L'attaque près de la Tour Eiffel vers 21h00 (20h00 GMT) au cours d'un week-end chargé s'est produite alors que le pays était en état d'alerte maximum, alors que les tensions montent sur fond de guerre entre Israël et le Hamas.

Les procureurs spécialisés dans les incidents terroristes ont déclaré à l'AFP avoir ouvert une enquête sur l'agresseur, nommé Armand Rajabpour-Miyandoab, un ressortissant français né en 1997 de parents iraniens et arrêté peu après l'attaque au couteau et au marteau.

Ils le soupçonnent de meurtre contre le défunt, âgé de 23 ans, identifié comme citoyen germano-philippin par une source judiciaire.

Il sera également poursuivi pour tentative d'assassinat contre les deux blessés, un ressortissant britannique de 66 ans et un ressortissant français de 60 ans, "en relation avec un complot terroriste".

Rajabpour-Miyandoab, connu des autorités et soigné pour maladie mentale, a crié "Allahu Akbar" -- en arabe pour "Dieu est le plus grand" -- au moment de l'attaque, a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur les lieux près du pont de Bir Hakeim. la Seine.

Le suspect, qui vivait avec ses parents dans l'Essonne, au sud de Paris, a déclaré à la police qu'il ne supportait pas que des musulmans soient tués en " Afghanistan et en Palestine " et a accusé la France d'être " complice de ce que fait Israël " dans la bande de Gaza. Darmanin a ajouté.

L'attaque de samedi a suscité des réactions au plus haut niveau de l'État français.

"Nous ne céderons pas face au terrorisme", a écrit la Première ministre Elisabeth Borne sur X, anciennement Twitter, après l'attentat.

Le président Emmanuel Macron a déclaré qu'il adressait ses condoléances à la famille de l'homme tué dans cet "attentat terroriste".

Des sources policières et sécuritaires ont confirmé que l'agresseur avait publié une vidéo de revendication sur les réseaux sociaux au moment de l'attaque, parlant de "l'actualité, du gouvernement, du meurtre de musulmans innocents".

Les enquêteurs examineront attentivement ses antécédents médicaux, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire, qualifiant l'agresseur de "très instable et influençable".

"A-t-il été suivi médicalement comme il aurait dû l'être, comme il l'était d'ailleurs depuis un certain temps ?" a indiqué une source policière.

Darmanin a déclaré que l'homme avait déjà été condamné en 2016 à quatre ans de prison pour avoir planifié un nouvel attentat dans le quartier d'affaires parisien de La Défense, qu'il n'avait pas mené à bien.

Un chauffeur de taxi, témoin de la scène, est intervenu, a ajouté Darmanin, sauvant l'épouse du touriste tué. L'attaquant a ensuite traversé le pont, s'en prenant aux autres et en blessant un avec un marteau.

Les policiers qui les poursuivaient ont utilisé un pistolet Taser pour neutraliser l'homme, qui a ensuite été arrêté.

Macron, écrivant sur X, a remercié les forces de sécurité pour leur arrestation rapide de l'agresseur présumé et a déclaré que justice devait être rendue "au nom du peuple français".

Joseph S., 37 ans, gérant d'un supermarché qui a demandé à ne pas donner son nom de famille, a été témoin de la scène alors qu'il était assis dans un bar.

Il a entendu des cris et des gens criant " à l'aide, à l'aide " alors qu'ils couraient. Un homme brandissant un marteau a attaqué un homme qui était tombé et, cinq à dix minutes plus tard, la police est arrivée, a-t-il déclaré à l'AFP.

La collecte de preuves a commencé immédiatement après l'attaque
La collecte de preuves a commencé immédiatement après l'attaque AFP

Le pays a subi plusieurs attaques perpétrées par des extrémistes islamistes, notamment les attentats-suicides et armes à feu de novembre 2015 à Paris, revendiqués par le groupe État islamique, au cours desquels 130 personnes ont été tuées.

Il y a eu une accalmie relative ces dernières années, même si les responsables ont averti que la menace persistait.

Mais les tensions se sont accrues en France, qui abrite d'importantes populations juives et musulmanes, à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et du bombardement israélien de la bande de Gaza.

La sécurité à Paris fait également l'objet d'une surveillance particulière alors que la ville se prépare à accueillir les Jeux olympiques d'été de 2024.

En octobre, l'enseignant Dominique Bernard a été tué à Arras, dans le nord de la France, par un jeune islamiste radicalisé originaire de la région russe du Caucase.