Inflation, croissance, emplois : quelles perspectives économiques mondiales pour 2024 ?

Tandis que le Fonds monétaire international prévoit un niveau d'inflation plus haut que prévu pour le dernier trimestre de 2023 (5,9 %), l'année 2024 ne sera toujours pas épargnée par les turbulences économiques. Selon la dernière étude publiée au début du mois d'octobre par Allianz Trade (juste avant l'attaque du Hamas contre Israël), l'économie mondiale devrait continuer son ralentissement avec une croissance du PIB attendue de seulement 2,4 % contre 2,7 % en 2023.

Parmi les pays les plus touchés, les États-Unis seront en première ligne, avec une croissance économique prévue à seulement 1,1 % en 2024, atteignant le niveau le plus bas depuis 2002 (sans compter les périodes durant lesquelles les crises des Subprimes et du Covid-19 ont sévi). En 2023, celle-ci avoisinait plutôt les 2,2 %. Tandis que la Chine devrait connaître une croissance inférieure de 0,6 % par rapport à cette année (5,3 %), la zone euro connaîtra une timide amélioration de sa croissance, avec une augmentation prévue de 0,9 % en 2024. La sortie de récession de l'Allemagne explique en grande partie ce léger rebond.

Malgré tout, un certain optimiste reste de mise pour l'année prochaine : "En 2024, les politiques monétaires restrictives devraient commencer à porter leur fruit, avec une inflation attendue en recul de 2 points pour atteindre 4,3 %", explique Ana Boata, directrice de la recherche économique d'Allianz Trade. Cependant, même si cette tendance est plutôt positive, "le niveau (d'inflation) reste élevé, notamment à cause de la volatilité observée sur le marché du pétrole. Dans ce contexte, la consommation des ménages ne rebondira pas fortement l'année prochaine, d'autant que l'incertitude économique et géopolitique pourrait inciter les consommateurs à épargner davantage, par précaution", poursuit-elle.

Quid de la France ?

En ce qui concerne l'Hexagone, Allianz Trade prévoit un repli quelque peu modéré de la croissance française en 2024. Celle-ci devrait attendre 0,7 % alors qu'elle avoisine les 0,9 % en 2023. "Le resserrement du crédit aux entreprises, couplé à une demande des ménages qui restera atone, pèseront sur les perspectives de croissance française", analyse l'entreprise dans son étude.

De même, la hausse des prix demeure un facteur toujours très inquiétant pour les ménages français. "L'inflation française devrait rester très élevée cette année, aux alentours de 5,3%, du fait de la hausse du coût du travail et d'un effet de rattrapage de marges des entreprises", expose Maxime Darmet, économiste en charge de la France chez Allianz Trade.

Toutefois, grâce à la "persistance des taux d'intérêts élevés et l'atonie de la consommation", la hausse des prix devrait fortement ralentir en France en 2024. Selon prévisions d'Allianz Trade, l'inflation atteindra 2,6% en 2024. "Un allié de poids pour le pouvoir d'achat des ménages et la capacité d'investissement des entreprises, et donc pour la croissance économique française", affirme l'expert particulièrement optimiste.

Et pour 2025 ?

En France, l'inflation devrait continuer sa décélération jusqu'en 2025, où celle-ci s'abaisserait à 2 %, soit près de trois fois moins que le niveau de cette année 2023. De quoi aborder l'avenir plus sereinement pour les consommateurs français ! Au niveau mondial, la hausse des prix ne devrait pas passer sous la barre des 3 % avant deux ans. "Dans ce contexte, les banques centrales seront dans une position de plus en plus délicate : continuer d'affirmer leur credo anti-inflationniste, certes, mais aussi limiter le durcissement des conditions monétaires pour ne pas plonger l'économie mondiale dans la récession", prévient Ana Boata.

Un rebond de l'économie mondiale est tout de même attendu pour l'année 2025. La croissance du PIB de la planète connaîtrait une croissance de 2,7 %, atteignant le même niveau que celui de l'année en cours (et + 0,3 % par rapport à 2024). Bien qu'il soit trop tôt de tirer des conclusions économiques au conflit israélo-palestinien, les experts espèrent que ce nouvel évènement dramatique ne viendra pas compromettre ces prévisions quelque peu rassurantes.