Les jouets sont-ils toujours aussi genrés ?
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Une voiture bleue ou un pistolet pour les garçon et une poupée rose ou une poussette pour les filles. Les jouets véhiculent, depuis longtemps, des stéréotypes de genre auxquels de nombreux très jeunes enfants sont encore exposés.

Ces dernières années, le gouvernement s'est emparé de cet enjeu de représentation mixte des jouets : "La déconstruction des stéréotypes de genre, dès le plus jeune âge, c'est la première des actions à mener pour se rapprocher de l'égalité entre les femmes et les hommes. Celle-ci constitue une œuvre ambitieuse et de longue haleine, tant les enfants peuvent grandir imprégnés par ces stéréotypes. S'en débarrasser nécessite de diffuser et de transmettre une culture de l'égalité", estime Bérangère Couillard, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, dans un communiqué.

Un guide de bonnes pratiques pour promouvoir l'égalité femme/homme à travers les jouets a déjà été rédigé par l'exécutif. Depuis, les packagings et les catalogues ont adopté des codes couleurs plus neutres et davantage mixtes.

Toutefois, un long chemin est encore à parcourir. C'est ce qu'a montré une étude menée en mars dernier par l'ARCOM (ex-CSA) : les filles sont encore beaucoup plus représentées pour des produits associés aux stéréotypes féminins et les garçons pour des produits associés aux stéréotypes masculins.

En effet, selon l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, les publicités pour des produits associés aux stéréotypes féminins (poupées, bijoux, coiffure...) mettent en scène, dans 92 % des cas, des jeunes filles. De même, celles relatives aux stéréotypes masculins (pistolets, voitures, dinosaures...) sont plus de 8 fois sur 10 représentés par des garçons.

89 % des garçons de 2 ans s'amusent avec des petites voitures

Et ces stéréotypes présents dans les publicités continuent de grandement influencer les comportements des enfants. Effectivement, l'Institut national d'études démographiques (INED) a montré, à la fin de l'année 2022, qu'à l'âge de 2 ans, les garçons préfèrent toujours s'amuser avec des petites voitures (89% contre 32% chez les filles). À l'inverse, les filles optent plutôt pour la poupée (82 % contre 19 % chez les garçons). Tandis que que les filles préfèrent les jeux d'intérieur (dessin, coloriage...), les garçons sont davantage portés à s'amuser à l'extérieur. Les trois quarts d'entre eux jouent quotidiennement avec un ballon.

Ces tendances sont tout de même moins fréquentes dans les familles composées de frères et de soeurs : L'INED a démontré qu'un garçon a trois fois plus de chance de jouer à la poupée s'il a des sœurs et une fille est deux fois plus susceptible de jouer aux petites voitures si elle a des frères.

Un (petit) pas en avant pour plus de mixité

Pour renforcer sa lutte contre ces stéréotypes de genre, le gouvernement a signé, lundi 4 décembre, une nouvelle charte relative à la période 2023-2026 qui intègre davantage d'indicateurs de suivi. Ainsi, les acteurs signataires du secteur devront transmettre à l'État un bilan de leurs engagements sur le sujet.

Cela marque, selon le gouvernement, une étape essentielle de son action : "La charte pour une représentation mixte des jouets est un pas important dans la lutte contre les stéréotypes ancrés dès le plus jeune âge, notamment par le biais des jouets. Les jouets scientifiques sont un exemple particulièrement parlant. Ils doivent être conçus de manière à répondre aux grands défis climatiques et à promouvoir les métiers liés aux STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) autant auprès des filles que des garçons", affirme Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, dans le communiqué.

Malgré tout, la France reste nettement moins ambitieuse sur ce sujet que d'autres pays européens. L'Espagne - qui est pionnière en la matière - a, par exemple, récemment décrété l'interdiction des stéréotypes de genre dans ses publicités de jouets.