Bruno Le Maire juge la campagne publicitaire "maladroite"
Instagram

Le bad buzz de la semaine revient au gouvernement ! À quelques jours du Black Friday, que bon nombre d'acteurs du commerce ont attendu avec impatience (l'évènement démarre officiellement aujourd'hui), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a publié une campagne publicitaire, validée par le ministère de la Transition écologique, appelant à la sobriété.

Dans cette dernière, des "dévendeurs" présents dans des magasins encouragent les clients à ne pas acheter si cela n'est pas nécessaire. Même s'il est évident que le black Friday est le symbole des dérives consuméristes de cette société contemporaine et qu'il est effectivement crucial de réparer plutôt que de remplacer, le timing n'est pas forcément bien choisi.

Une action en justice intentée ?

Sans grande surprise, la campagne a déclenché la colère des fédérations de commerce, comme l'Alliance du commerce, l'Union des industries textiles (UIT) et l'Union française des industries mode et habillement (Ufimh : "Nous demandons à l'Ademe son retrait immédiat, faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial", ont-elles déclaré.

Interrogé par Sud Radio jeudi matin, Michel-Édouard Leclerc n'a pas mâché ses mots : "On voit ce que ça veut dire : ça veut dire qu'on défend la société de sobriété, qu'il faut rationaliser ses achats, haro sur la surconsommation... Ça fait sens. Mais balancer un film comme ça à la TV alors que toutes les grandes enseignes franchisées ont déposé le bilan, c'est nous refaire le coup du commerce essentiel pas essentiel. C'est un peu con surtout que l'État a mis beaucoup d'argent pour faire survivre ces commerçants", a ainsi fustigé le chef d'entreprise.

Une polémique qui suscite des tensions au sein de l'exécutif ? Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, n'a pas hésité à critiquer publiquement le spot publicitaire pourtant validé par son camarade du ministère de la Transition écologique Christophe Béchu : "Je pense que c'est une campagne maladroite. Je la trouve pas très habiles vis-à-vis du secteur du commerce et d'enseignes de prêts-à-porter comme Cabaieu qui ont fait face à d'importantes difficultés ces dernières années", a-t-il déclaré au micro de France Info. "Je crois à l'incitation à la sobriété. Je ne crois pas à la culpabilisation du consommateur", conclut-il.

Les prémices d'une guerre présidentielle entre Bruno Le Maire et Édouard Philippe ?

Pour sa part, Christophe Béchu, qui concède pourtant une certaine "maladresse", ne souhaite pas mettre fin à la diffusion de la campagne, bien au contraire : "Que 0,2 % du temps d'antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable. Nous n'opposons pas l'écologie à l'économie !", a affirmé le membre du gouvernement sur France Inter.

Contrairement à Bruno Le Maire, plusieurs grandes figures du camp présidentiel, comme l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, ont salué l'attitude de Christophe Béchu. Cet épisode marque-t-il les prémices d'une guerre entre le maire havrais et le ministre de l'Économie, deux potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle ?